MICHEL LIS, NOTRE GRAND AMI JARDINIER AU JARDIN D’ÉDEN
Au matin du 9 juin 2015, Michel Lis a fermé les yeux à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, après un combat entamé depuis le début de l’année contre la maladie. Jardinier, journaliste (L’Équipe, Télé 7 Jours), chroniqueur, conteur, écrivain, connu sous le surnom de « Moustache verte », il était né le premier février 1937 à Pamproux dans les Deux-Sèvres.
Jardinier médiatisé par ses chroniques à la radio (France Inter et France Bleu) et à la télévision, Michel Lis, au patronyme prédestiné, était un autodidacte érudit. Il a réalisé ses premières chroniques jardin dès 1972 (engagé par Eve Ruggieri qui lui a attribué le surnom de « Moustache verte » et intervenant dans l’émission matinale de Louis Bozon).
Un jardinier médiatique érudit
De 1985 à 1996, Michel Lis a assuré une chronique jardin quotidienne aux côtés de William Leymergie sur Télématin (France 2). Il avait ensuite pris une semi-retraite d’abord à Grasse, et depuis 2006 dans sa Saintonge natale.
Fils de Pierre Lis, qui fut maire de Royan de 1979 à 1983, Michel était un homme d’une rare culture et dont la plume alerte, facétieuse et poétique aura su exprimer avec tendresse, malice et ironie toute la subtilité du monde végétal.
Un florilège de citations de Michel Lis
Savourez le sens de l’observation, l’amour de la vie et de la nature, la richesse des mots et découvrez ci-dessous l’immense talent de Michel… La plupart de ces citations sont extraites de son délicieux livre « Mes Brèves de jardin » (Nouvelles Éditions Bordessoules 2010) et des chroniques qu’il écrivait dans le magazine professionnel : L’officiel Jardin-Motoculture.
• Ancolie : « L’ancolie n’ôte pas son bonnet, même devant le Roi Soleil. Il est sûr que cette bouffonne symbolise la folie douce et protège des sorciers et autres jeteurs de sorts. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Aphrodisiaque : « Les plantes aphrodisiaques sont autant de fleurs de petite vertu. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Araignée : « L’araignée a laissé des trous dans sa nouvelle toile. Elle file un mauvais coton. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Arbre : « L’histoire d’un arbre n’est pas dans sa taille, mais dans la sève qui coule dans son bois. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Arbre aux mouchoirs : « Pour consoler le saule pleureur, le jardinier va planter un arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) »
• Arrosoir : « C’est l’été. Courir ? Il fait trop chaud. Seuls les arrosoirs ont le droit, et même le devoir de transpirer » (Réflexions jardinières. OJM septembre 2009)
• Aster : « Les asters allument leurs soleils cuivrés sur leur manteau de feuilles rendues pelucheuses par l’oïdium. » (Le jardin du Cheminot novembre 1988)
• Biodiversité : « La biodiversité est une manière de ne pas fermer la porte à la vie quelle que soit sa forme. » (Réflexions jardinières. OJM, décembre 2010)
• Brouette : « La modeste brouette, dont aucun jardinier ne saurait se passer, stationne dans un coin du jardin, levant ses deux bras vers le ciel pour implorer un pardon de ses pirouettes tumultueuses passées. » (Réflexions jardinières, OJM avril 2010)
• Bryone : « La bryone, ce « navet du Diable » si bien nommé, vous expédie une famille entière ad patres en trois coups de cuillères à pot. » (Réflexions jardinières, OJM octobre 2010)
• Campanule : « Les campanules bleues agitent leurs clochettes pour célébrer le mariage d’une fleur avec un papillon. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Charmille : « Le feuillage recroquevillé de la haie de charmille attend les premiers émois de la sève de mars pour tomber ». (Réflexions jardinières. OJM, décembre 2009)
• Coccinelle :« Ce matin la coccinelle est de mauvaise humeur. En se regardant dans le miroir, elle s’est découvert un point noir. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Consoude : « La consoude qui arbore ses fleurs bleues sur le compost où sa graine, apportée par un oiseau, a trouvé son bonheur. » (Réflexions jardinières. OJM, avril 2009)
• Coquelicot : « Les coquelicots ont achevé de froisser leur jupe, eux qui jadis persillaient nos champs de blé d’éclairs rutilants. » (Le jardin du Cheminot novembre 1988)
• Couleur :« La couleur dans un jardin est un poème que le jardinier fait rimer à grands coups de bêche et de râteau. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Eau : « Une eau qui par sa chanson était en harmonie avec le paysage et que seuls des hommes avaient pu accorder et faire chanter juste. » (Réflexions jardinières, OJM juin 2009)
• Épouvantail : « L’épouvantail aussi ne portait plus que des guenilles volant aux vents contraires, qui faisaient tourner les girouettes comme des folles. » (Réflexions jardinières, OJM janvier 2009)
• Érable : « L’érable. Quel sirop prend-il quand il tousse ? » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Fleur : « Sans les fleurs, le monde serait pour nous un terrible « vide sidéral » et ce ne sont pas les étoiles qui rafraîchiraient nos rêves. » (Réflexions jardinières, OJM avril 2009)
• Fleurs des champs : « Ces fantômes en habits de lumière sont là pour témoigner d’une nature sauvage et éternellement renaissante, comme si les hommes n’étaient pas là. » (Réflexions jardinières, OJM mai 2009)
• Fraise : « Les fraises remontantes tirent une langue rose entre les dents de leur feuillage » (Le jardin du Cheminot novembre 1988)
• Gloriette : « Le Panthéon du jardinier est la gloriette. » (Mes brèves de jardin, 2010)
• Herbe :« C’est dans le miroir de la plus modeste des herbes que l’homme lira son avenir. » (Plantarium)
• Hérisson :« Le hérisson est en colère, il s’est mis en boule. Il ressemble à une châtaigne dans sa bogue. » (Mes brèves de jardin 2010)
• Hiver :« Dans la froidure de l’hiver, le jardinier grelotte comme un « désespoir du peintre » ou les feuilles du tremble. » (Réflexions jardinières, OJM octobre 2010) (Mes brèves de jardin 2010)
• Jacinthe :« Tremblante sur sa jambe unique, la petite jacinthe sauvage dodeline de la tête au moindre souffle. L’oreille penchée, elle écoute ce qu’on chuchote autour d’elle. »
• Jardin : « Il n’y a pas de fleurs ordinaires ou extraordinaires, ni de bonnes et de mauvaises herbes. Il y a tout simplement ce jardin du Bon Dieu que le jardinier seconde à chaque printemps d’une main agile. » (Réflexions jardinières, OJM avril 2009)
• Jardinier : « Le jardinier est un drôle d’amoureux. Il déshabille la marguerite avant de lui avouer qu’il l’aime ! » (Mes brèves de jardin 2010)
• Laitue : « Nul ne peut prétendre mieux connaître la laitue que le limaçon ». (Mes brèves de jardin 2010)
• Mante religieuse : « Avec ses béquilles et sa façon de toujours prier Dieu, la mante religieuse veut faire oublier qu’elle a dévoré son mari au matin de sa nuit de noces. » (Mes brèves de jardin 2010)
• Marguerite : « Les marguerites réduisaient le nombre de leurs pétales pour ne plus avoir à dire que : je t’aime, un peu. » (Réflexions jardinières, OJM septembre 2009)
• Monnaie-du-pape : « La monnaie-du-pape avait fait briller ses siliques de nacre comme des jetons de casino. » (Libres propos, OJM janvier 2009)
• Moustique : « Qui a dit que les moustiques étaient nos cousins ? En tout cas, ils n’ont pas l’esprit de famille. » (Mes brèves de jardin 2010)
• nature : « Dans la nature, la ligne droite n’est pas toujours le plus court chemin pour arriver au paradis, mot qui je vais le rappeler signifie en vieux persan : jardin clos de murs où coule une rivière ». (Réflexions jardinières, OJM février 2010)
• Œillet : « L’œillet regardant une limace monter sur un potiron se dit : “c’est une goutte de cuivre sur une lanterne vénitienne”. Il est vrai que c’était un œillet de poète. »
• Ortie : « Les orties, ces filles de luxe qui font de l’œil au jardinier se promenant le long de ses plates-bandes. » (Réflexions jardinières, OJM avril 2009)
• Passiflore : « La passiflore est utile, elle a toujours sa boîte à outils avec elle, mais je cherche encore cette “enclume à papillons” que chantait Garcia Lorca. » (Mes brèves de jardin 2010)
• Pervenche :« Vinca, cette délicate corolle étoilée aux reflets de nuit d’été, encore plus belle lorsqu’on la nomme pervenche. » (Réflexions jardinières, OJM mai 2009)
• Piéride : « La piéride se croît bien informée, et pourtant, elle ne lit que des feuilles de chou. » (Mes brèves de jardin 2010)
• Prunella : « Pour l’ornithologiste, l’accenteur mouchet se nomme Prunella modularis. En tant que jardinier, je connais Prunella webbiana, la rustique et tapissante brunelle aux fleurs pourpres. Si les plantes se mettent maintenant à porter des noms d’oiseaux, il y a de quoi perdre son latin ! » (Réflexions jardinières, OJM novembre 2009)
• Race : « Dans le monde des plantes, fleurs, fruits, feuillus ou écorces, il n’y a pas de races. Il n’y a que des genres, bons ou mauvais selon l’humeur du jardinier ». (Mes Jardins, 2005)
• Rivière : « La rivière a besoin de cailloux dans son lit pour bien chanter. » (Mes brèves de jardin 2010)
• Rose trémière :« Des roses trémières s’envolent en désordre pour une école buissonnière dont les jardiniers ne sont pas les maîtres. » (Réflexions jardinières, OJM octobre 2009)
• Saison : « Heureusement, chaque fleur a saison car si les campanules, les digitales et le muguet se mettaient à carillonner ensemble, cela ferait un sacré tintamarre au jardin ! » (Mes brèves de jardin 2010)
• Vent : « Le vent qui souffle sur les fleurs n’emporte que les pétales et oublie les cœurs. » (Mes brèves de jardin 2010)
Des plantes qui honorent la mémoire de Michel Lis
Comme tous les grands jardiniers, Michel Lis a été reconnu par ses pairs. Il peut s’enorgueillir entre autres d’avoir donné son nom à trois superbes obtentions horticoles
• Helleborus orientalis ‘Michel Lis’ créé en 2003 par Martine Lemonnier (Jardins de Bellevue) c’est une variété à fleur simple blanche, délicatement veinée et ourlée de mauve. La fleur aux organes verts bien présents, se penche dans une gracieuse révérence.
Michel Lis adorait les hellébores, en témoigne cette évocation : « Les hellébores, ces reines de la folie que l’on appelle « roses de Noël » comptent autant pour nos voisins Allemands que le muguet porte-bonheur de chez nous. » (Réflexions jardinières, OJM décembre 2009)
• Phalaenopsis ‘Michel Lis’ créé en 1994 par Philippe Lecoufle (Ets. Vacherot et Lecoufle), porte aussi le nom du peintre jardinier ‘Gustave Caillebotte’. Les fleurs très régulièrement dessinées, et fortement striées de rose soutenu, présentent un labelle rouge plutôt inhabituel.
• Rosier ‘Michel Lis’ (meifersi) créé par Meilland en 1987, Ce rosier hybride de thé forme un buisson au port évasé, mais assez peu fourni. Il développe des tiges dressées garnies d’un feuillage vert sombre aux reflets lustrés. Pour la plupart solitaires, les fleurs forment une coupe de 10 à 14 cm de diamètre, très ample, avec les pétales disposés en rosette. D’un rouge soutenu velouté, elles ne sont malheureusement pas parfumées. La plante qui mesure de 90 cm à 1,10 m de haut, faut preuve d’une très bonne résistance aux maladies.
« Jardinier curieux j’ai toujours rêvé de contempler le ciel du haut d’un brin d’herbe mollement balancé entre deux graminées par un zéphyr de soir d’été parfumé. » (Michel Lis. Plantarium)
« Il faut vivre dans le jardin avec plus de doutes que de certitudes. » (Réflexions jardinières OJM, 10/2009)