TOUT SAVOIR SUR LE PROTEA ROYAL ET SA CULTURE EN POT
Admirateurs de la flore sud-africaine, Nicole et moi avons eu un coup de cœur un superbe spécimen de Protea cynaroides vu dans une célèbre fête des plantes. Pour accueillir dans les meilleures conditions la protée royale dans notre jardin de l’Essonne, nous l’avons installée dans un grand pot avec un substrat approprié préparé soigneusement en mélangeant du terreau et du sable.
C’est une plante exceptionnelle, mais délicate à cultiver et qu’il faut abriter l’hiver dans une véranda ou cultiver en plein air dans les zones les plus abritées de la Bretagne. Je vous propose de suivre en vidéo toutes les étapes de cette plantation et de découvrir aussi quelques petits secrets concernant cet emblème végétal de l’Afrique du Sud.
Un arbuste sud-africain aux fleurs d’artichaut
Probablement la plus spectaculaire de toutes les Protéacées, Protea cynaroides a été décrit en 1771 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778). Le nom d’espèce évoque l’artichaut (Cynara scolymus) en raison d’une certaine ressemblance entre les inflorescences des deux plantes.
La fleur nationale d’Afrique du Sud
Depuis 1994, Protea cynaroides est la fleur nationale de l’Afrique du Sud. Sa représentation figure sur l’écusson de l’équipe nationale de rugby sud-africaine qui représente, sur un fond vert, un springbok (Antidorcas marsupialis, une gazelle spécifique de l’Afrique australe) sautant par dessus un ballon de rugby, marqué d’une protée royale stylisée sur son échine.
La distribution géographique de la protée royale
Originaire de la province du Cap, Protea cynaroides bénéficie de l’une des plus larges aires de distribution de toutes les Protéacées sud-africaines. On le rencontre du niveau de la mer jusqu’à 1 500 m d’altitude, depuis le Cederberg, une aire protégée située au nord de la province du Cap-occidental, jusqu’à Grahamstown, ville de la province du Cap-oriental, située à 750 km à l’est de Cape town.
Cette dispersion géographique se caractérise par une large variation dans les biotopes, ce qui fait varier les périodes de floraison et les dimensions des feuilles et des fleurs, ainsi que les nuances dans le coloris des fleurs. Cette particularité permet aux horticulteurs de disposer de protées royales quasiment toute l’année pour la production de fleurs coupées. Cette plante est aussi cultivée à grande échelle en Nouvelle-Zélande, en Australie et à Hawaii car une fois coupée la fleur tient un bon mois en vase.
Les fleurs énormes aux couleurs variables de la protée royale
Protea cynaroides forme un buisson de 1 à 2 m de haut, dont les tiges tige vert-rougeâtre portent des feuilles persistantes, ovales, alternes et coriaces. Les inflorescences sont des capitules de 12 à 30 cm de diamètre, dont les très nombreuses fleurs groupées au centre, sont entourées par de grandes bractées coniques et pointues, joliment colorées.
La teinte des bractées varie du blanc crème au pourpre foncé, celles d’un rose soutenu avec des reflets argentés étant les plus prisées. Les protées royales de bonne vigueur produisent de six à dix têtes florales par saison, certains sujets d’exception pouvant en épanouir jusqu’à quarante !
La fécondation astucieuse de la protée royale
Les fleurs hermaphrodites de Protea cynaroides s’épanouissent durant plusieurs semaines. Afin d’assurer un bon brassage des gênes, les anthères (partie mâle) libèrent leur pollen avant que le stigmate (partie femelle) de la même fleur soit réceptif. La pollinisation est donc réalisée par divers auxiliaires attirés par le nectar. Il s’agit bien sûr d’insectes dont les abeilles et un scarabée vert métallique (Trichostetha fascicularis), mais aussi des oiseaux, dont le promérops du Cap (Promerops cafer).
La protée royale résiste très bien à la sécheresse
Les quelque 101 espèces de Protea reconnues par la nomenclature botanique internationale sont des plantes de régions sèches qui présentent la particularité d’absorber de l’humidité par leurs feuilles car une brume venue de l’océan apporte souvent la seule humidité disponible dans leur habitat naturel. Les protées craignent donc les précipitations importantes, d’où leur difficulté de s’acclimater sur notre littoral qui convient à leur culture dans les zones où il pleut le moins. La résistance au froid est de -5 °C environ.
Quelques conseils pour réussir la protée royale
Dans toutes les régions, il est possible de cultiver Protea cynaroides en pot dans un substrat bien drainé (50 % de sable siliceux) et acide (25 % de terreau et 25 % de terre de bruyère), le pH idéal étant compris entre 5 et 5,5. Le mélange doit être assez pauvre car la protée royale est indisposée par une trop forte concentration de nitrates et de phosphates dans le sol.
Un an seulement après le rempotage, fertilisez la plante avec un engrais qui délivre ses nutriments de manière progressive et qui soit très faiblement dosé en acide phosphorique (P). La protée royale souffrant couramment d’une carence en magnésium qui fait jaunir le feuillage, il faut donc choisir un engrais enrichi en magnésie (un engrais pour rosiers peut convenir).
Pour encourager la formation de tiges plus vigoureuses il est conseillé de rabattre au niveau du sol tous les rameaux qui ont fleuri.
Hivernez la plante dans une véranda maintenue juste hors gel et arrosez très peu durant toute cette période pour imposer une dormance indispensable à la formation des boutons floraux l’année suivante.
Une plante qui se régénère par le feu
Dans son pays d’origine, Protea cynaroides se développe dans des régions où des incendies naturels se produisent tous les dix à trente ans. Sa tige souterraine épaisse abrite de nombreux bourgeons dormants qui se réveillent après un incendie. C’est ce que l’on appelle un pyrophyte (plante du feu). Les sols de ces régions, nettement acides, renferment de très faibles quantités d’éléments nutritifs qui leur sont restitués lorsque les plantes ont été transformées en cendres.