Le 18 décembre 1771 mourait à Londres (Chelsea), Philip Miller, un botaniste d’origine écossaise, né en 1691 à Deptford ou Greenwich, un des quartiers de Londres. Succédant à son père, il fut le jardinier en chef du Chelsea Physic Garden de 1722 jusqu’à sa retraite peu de temps avant sa mort. Miller a correspondu avec de nombreux botanistes, et il reçut des spécimens de plantes en provenance du monde entier, dont beaucoup furent cultivées pour la première fois en Angleterre, ce qui lui vaut d’être crédité de leur introduction.
Homme de terrain et excellent pédagogue, Philip Miller a aussi formé deux personnalités célèbres en horticulture : William Aiton (1731-1793), qui fut ensuite le jardinier en chef des Jardins botaniques royaux de Kew et William Forsyth (1737-1804) auquel le botaniste dano-norvégien Martin Hendriksen Vahl (17491804) a dédié le genre Forsythia (Oleaceae).
Philip Miller était considéré comme le plus grand jardinier de son époque ; on l’appelait d’ailleurs « le Prince des jardiniers ». Il fut membre de la Société des jardiniers, fondée en 1724, et composée d’une vingtaine de membres parmi les plus éminents botanistes du moment.
Parmi ses hauts faits en matière agricole, Philip Miller fit parvenir en 1733 en Géorgie (qui était alors une nouvelle colonie britannique), les premières graines de coton à long brin (Gossypium barbadense), qu’il avait mis au point. Semées sur Sea Island, au large des côtes de l’état, elles ont donné leur nom à une qualité de coton d’une extrême finesse, que l’on appelle « Sea Island Cotton ».
La publication majeure de Philip Miller est assurément : The Gardeners dictionary, containing the methods of cultivating and improving the kitchen, fruit and flower garden, as also the physick garden, wilderness, conservatory and vineyard (deux volumes publiés à Londres en 1731 et 1739, dont la huitième édition de 1768 est la plus renommée car elle contient la plupart des plantes qu’il a décrites et dont beaucoup sont toujours validées par la nomenclature internationale). Cet ouvrage fut traduit en français en 1785 par Laurent de Chazelles (1724-1808), sous le titre : « Dictionnaire des jardiniers en huit volumes. »
Miller a entre autres créé les genres : Abies (sapin, Pinaceae), Abutilon (abutilon, Malvaceae), Alnus (aulne, Betulaceae), Larix (mélèze, Pinaceae), Malus (pommier, Rosaceae), Manihot (manioc, Euphorbiaceae), Opuntia (oponce, Cactaceae), Pereskia (cactus à feuilles, Cactaceae), Pulsatilla (anémone pulsatille Ranunculaceae) en 1754, Cydonia (cognassier, Rosaceae) en 1768. Il a aussi nommé et décrit en 1744 Tanacetum parthenium (grande camomille, Asteraceae), en 1768 : Abies balsamea (sapin baumier, Pinaceae), Annona cherimola (chérimolier, Annonaceae), Castanea sativa (châtaignier, Fagaceae), Gladiolus italicus (glaïeul des moissons, Iridaceae), Pereskia aculeata (cactus à feuilles, Cactaceae), Pinus rigida (pin rigide, Pinaceae), Pulsatilla vulgaris (anémone pulsatille, Ranunculaceae), etc.