Le 4 janvier 1755 naissait à Strasbourg, Bas-Rhin, Louis François Élisabeth Ramond, seigneur de Carbonnières, qui fut baron de l’Empire, homme politique, géologue et botaniste français, mort le 14 mai 1827 à Paris. Il est connu comme l’un des premiers à avoir exploré les hauts sommets des Pyrénées. Il a aussi laissé son nom dans la botanique avec quelques plantes qu’il a nommées et surtout la ramondie des Pyrénées.
Entré au service du cardinal Louis René Édouard de Rohan (1734-1803), prince de Rohan et cardinal-archevêque de Strasbourg, Louis Ramond de Carbonnières l’accompagna en 1786 lors de son exil en Auvergne durant lequel il découvrit la flore de cette région, puis celles des Pyrénées. À partir de 1789, pour se perfectionner en histoire naturelle, Louis Ramond de Carbonnières suivit au Jardin du roi, les cours des célèbres botanistes et naturalistes Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) et René Desfontaines (1750-1833).
Minéralogiste et botaniste des Pyrénées
Ayant dû fuir Paris en 1792 en raison de son engagement politique et des troubles de la Révolution, Louis Ramond de Carbonnières se réfugia dans les Hautes-Pyrénées, à Barèges, où il multiplia les herborisations. Il se consacra alors exclusivement à l’histoire naturelle (géologie et botanique). Il correspondit avec divers botanistes réputés de l’époque dont ses professeurs parisiens, mais aussi Jean Thore (1762-1823) et Dominique Villars (1745-1814).
Un collecteur botanique d’altitude
Travaillant principalement comme minéralogiste, Louis Ramond de Carbonnières monta plusieurs expéditions d’ascension du Mont Perdu (3 355 m) qu’il réussit à atteindre en 1802. Il publia en 1825 l’ouvrage : « Mémoire sur l’état de la végétation au sommet du Pic du Midi ». Ami de Napoléon, il fut nommé préfet du Puy-de-Dôme en 1806 et baron de l’Empire en 1809. Son herbier, déposé par la Société Ramond au Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées à Bagnères-de-Bigorre, constitue aujourd’hui une collection patrimoniale, historique et scientifique de premier ordre qi a été entièrement numérisée.
Quelques plantes valides, nommées par Louis Ramond
Parmi les quelque 70 plantes qui ont été décrites et nommées par Louis Ramond de Carbonnières, très peu d’espèces sont encore acceptées par la nomenclature botanique internationale actuelle. C’est le cas pourtant de : Arenaria purpurascens (Caryophyllaceae) en 1805 ; Asperula hirta (Rubiaceae) en 1800 ; Festuca eskia (Poaceae) en 1805 ; Scorzonera aristata (Asteracee) en 1805.
Un genre monospécifique pour un colchique turc
En 1798, Louis Ramond de Carbonnières créa le genre Merendera (Colchicaceae), dont seule l’espèce M. trigyna, une petite bulbeuse de Turquie, décrite et nommée en 1910 par le Youri Nicolaïevitch Woronow (1874-1931) est désormais valide. La cinquantaine d’autres a été répartie aujourd’hui dans les genres Colchicum et Androcymbium. C’est ainsi que l’on a tendance parfois à nommer encore le colchique des Pyrénées Merendera montana, mais son appellation officielle est Colchicum montanum L.
La plante pyrénéenne qui honore Louis Ramond
Le botaniste français Louis Claude Marie Richard (1754-1821) a créé en juin 1805 le genre Ramonda, en l’honneur de Louis Ramond de Carbonnières. On recense officiellement aujourd’hui trois espèces de cette superbe plante, dont Ramonda myconi, endémique des Pyrénées (l’appellation encore usitée Ramonda pyrenaica est illégitime).
Des plantes qui supportent les froids extrêmes
Rares représentantes européennes de la famille des Gesneriaceae (avec Haberlea rhodopensis) les Ramonda sont considérées comme des vestiges de la flore tertiaire, toutes les autres espèces n’ayant pas supporté la glaciation. Ramonda nathaliae et Ramonda serbica les deux autres espèces valides sont originaires de Serbie et de Macédoine.