LE RECYCLAGE PAR COMPOSTAGE
Quels sont les produits que l’on peut recycler au jardin ?
Même si les déchets produits par les jardins (déchets verts) ne représentent qu’environ 10 % de l’ensemble de nos détritus ménagers ce qui est peu, le recyclage est une manière de donner une nouvelle vie à des matériaux qui constituent au départ des résidus inutiles, mais que l’on valorise par un nouvel usage. Au jardin, l’une des voies de recyclage les plus importantes et les plus traditionnelles est le compostage. Le compost va s’avérer précieux pour amender le sol, à condition qu’il soit fabriqué à partir de matières premières bien choisies.
Le compost, c’est comme une recette de cuisine, sa qualité finale dépend en grande partie des ingrédients de départ. Plus les matières premières qui le constituent seront de qualité et meilleure sera la valeur agronomique du compost. Voici, avec leurs spécificités, les produits que vous pouvez utiliser sans crainte…
Les meilleures matières premières à recycler pour faire du compost
• Algues : c’est un matériau de toute première qualité, riche en oligo-éléments, mais qu’il est nécessaire de rincer soigneusement à l’eau claire afin d’éliminer le maximum de sel, le chlorure de sodium se montrant toxique pour de nombreuses plantes du jardin. Attention, la décomposition des algues est particulièrement malodorante.
• Bouquet fané : si les plantes n’ont pas pourri (ce qui risquerait de contaminer le compost en champignons pathogènes), elles constituent une excellente matière première. Broyez les tiges des rosiers et de toutes les espèces arbustives, coupez en petits morceaux (10 cm) les fleurs à la consistance herbacée.
• Broussailles : lorsqu’ils sont coupés « en vert », c’est-à-dire avec leurs feuilles, les rejets ligneux et les ronces constituent un excellent matériau pour le compost après avoir été finement broyés. Ils s’utilisent également comme BRF (voir tailles). On évite en revanche de composter les broussailles coupées en sec (l’hiver) car leur décomposition est très difficile. Elles peuvent en revanche servir de paillis, en particulier sur les zones de passage.
• Carton : c’est un matériau tout à fait valable, à condition qu’il constitue une part minimum des ingrédients du compost. Utilisez uniquement du carton brut (non imprimé). Il est nécessaire de le déchiqueter pour qu’il se décompose correctement et de mélanger les copeaux obtenus avec des « déchets verts ». Une forte humidité favorise aussi la dégradation du carton.
• Cendre de bois : utilisez uniquement celles qui proviennent des bûches de la cheminée. Il faut incorporer les cendres sur le tas de compost en couche fine que l’on recouvre tout de suite de feuilles, de paille ou de tontes de gazon pour éviter qu’elles ne s’envolent. Leur apport en matière organique est négligeable. En revanche, elles offrent une grande richesse en potasse, ce qui contribue à la valeur nutritive du compost. On conseille de ne pas dépasser 2 kg de cendre de bois par mètre cube de compost.
• Cheveux, poils et crins : d’origine humaine ou animale, ils constituent une source potentielle (faible) de matière organique, leur principal apport étant de la silice. évitez de les utiliser s’ils sont teints avec des produits chimiques.
• Copeaux de bois : c’est un matériau que l’on réserve prioritairement au paillis. Dans cet usage, les copeaux se décomposent en deux à trois ans selon leur grosseur. Ils apportent alors directement de l’humus au sol. Il est possible d’en intégrer en petite quantité (maximum 15 %) au tas de compost, en les mélangeant bien, le diamètre des copeaux devant être inférieur à 1 cm.
• Coquilles de fruits de mer : tout à fait valables,les coquilles d’huîtres et autres coquillages doivent être concassées en tout petits morceaux, voire broyées. Constituées essentiellement de calcaire, elles réduisent l’acidité naturelle du compost. Dans les sols très acides (de type forestier) les coquilles d’huîtres peuvent constituer un bon paillis.
• Coquilles d’œufs : constituée essentiellement de calcaire, la coquille d’œuf n’est pas véritablement biodégradable, mais elle se décompose lentement du fait d’agressions chimiques naturelles, contribuant ainsi à neutraliser l’acidité du compost. Il faut les écraser en tout petits copeaux pour obtenir une meilleure efficacité.
• Corne : finement broyée, c’est une substance naturelle riche en azote qui, se décomposant lentement est appréciée comme engrais de fond (à action progressive). Il est donc tout à fait valable d’en incorporer dans le compost. Et si vous n’en disposez pas, ce qui est probable, achetez-en dans une jardinerie et saupoudrez les différentes couches du compost à raison d’une poignée sur un carré de 50 cm de côté.
• Crustacés : une fois bien broyées, les carapaces de crabes, homards, langoustes et langoustines jouent exactement le même rôle que les coquilles de fruits de mer.
• Cuir : c’est un constituant traditionnel des engrais organiques. Il ne faut utiliser que des cuirs bruts non cirés, non teints, non vernis. C’est un matériau à décomposition assez lente qu’il est donc nécessaire de broyer très finement (voire de réduire en poudre). L’apport de matière organique est insignifiant, mais en revanche, la présence de cuir dans le compost l’enrichit en azote.
• Écorce : matière première privilégiée aujourd’hui par les industriels du terreau, elle doit être d’abord broyée aussi finement que possible avant d’être compostée. La décomposition est lente, voire très lente (minimum un an, en général deux ans), mais l’écorce fait un bon terreau fibreux, léger, riche en matière organique. La proportion d’écorces ne doit pas dépasser 30 %, sinon, le produit obtenu est de très piètre qualité et souvent trop acide.
• Épis de maïs : une fois les grains récoltés, on dispose d’un résidu : la rafle que les industriels recyclent pour fabriquer une litière végétale appréciée des rongeurs domestiques (lapins nains, hamsters, souris blanches, cobayes, etc.), mais aussi des oiseaux de cage. On peut donc l’utiliser sous cette forme dans le compost, comme un fumier, après nettoyage des cages. Hachées menues, mais pas trop finement, les rafles de maïs constituent un bon paillis car elles se décomposent lentement.
• Épluchures de fruits et de légumes : exceptés les agrumes qui sont déconseillés (voir plus loin), ce sont des matières premières intéressantes car elles se décomposent rapidement ce qui joue un rôle accélérateur intéressant et naturel. Lorsqu’elles sont bien colorées, les épluchures apportent des micro-éléments et des minéraux intéressants. Enfouissez-les bien dans le tas de compost pour éviter la prolifération de mouches.
• Feuilles mortes : utilisez uniquement celles provenant d’arbres et d’arbustes en parfaite santé. Les meilleures sont celles du chêne, du hêtre, du châtaignier. Vous pouvez aussi composter les frondes de fougères, de préférence avant qu’elles ne sèchent naturellement en automne.
Ne compostez pas les feuilles des rosiers et des arbres fruitiers, il y a trop de risques qu’elles contiennent des germes de maladies. Les feuilles de certaines essences ne doivent pas être compostées (voir : Les produits qu’il ne faut pas composter).
• Fumiers : qu’il soit de bovins, de cheval, de mouton, de porc, de lapin ou de volaille, c’est un matériau de base pour le compost. Il ne faut d’ailleurs jamais utiliser du fumier frais car les risques de transmission de maladies pathogènes au niveau des racines sont importants. Les fumiers renferment des micro-organismes qui contribuent à la transformation de l’humus et à l’assimilation de l’azote par les plantes. De plus, leur composition est relativement équilibrée sur le plan des éléments fertilisants, y compris les oligo-éléments.
• Gazon : les résidus de tonte représentent souvent la source principale d’approvisionnement des composts du jardinier amateur moyen. Il est conseillé de les composter séparément dans un premier temps en les retournant souvent pour éviter le compactage du fait de leur richesse en eau (95 % minimum). Abandonnées en tas sans précautions, les tontes de gazon produisent une fermentation rapide et anaérobie qui peut générer un produit de très mauvaise qualité, gras et nauséabond. Mélangez de préférence les résidus de la tonte des pelouses avec des déchets ligneux, notamment des branches broyées ou des copeaux de bois. Vous pouvez aussi laisser l’herbe coupée sur place pour que son humidité naturelle s’évapore, avant de l’incorporer dans le compost.
Avec une pelouse de surface réduite, il est possible de disposer sur le tas de compost l’herbe tondue en couches minces (10 cm maximum) recouvertes successivement de la même épaisseur d’éléments secs : paille, feuilles mortes, BRF, copeaux qui auront été généreusement arrosés pour favoriser leur décomposition.
• Marc de café : bien qu’il s’agisse d’une matière totalement surfaite par la littérature « bio », le marc de café reste un produit organique d’origine végétale qui a tout à fait sa place dans le tas de compost. Il semblerait que les vers de terre l’apprécient. Vous pouvez incorporer au compost le marc de café accompagné de son filtre. Certains jardiniers considèrent que les résidus de café jouent un rôle répulsif efficace contre certains insectes ravageurs, mais cela reste à prouver…
• Paille : ce matériau riche en fibres joue un rôle important d’aérateur durant la période de fermentation, d’où son utilité, mais la quantité de nutriments apportée est finalement très faible. La paille ne doit constituer qu’un élément d’accompagnement dans la composition du compost.
• Plumes : enrichissant nettement le compost en azote, ce matériau se décompose assez lentement et il nécessite pour cela une bonne hydratation du tas. Il faut composter les plumes en mélange avec des matières végétales riches en eau (gazon par exemple).
• Tailles : les jeunes rameaux en vert (coupés durant la période de croissance) broyés avec leurs bourgeons et leurs feuilles se décomposent très bien et participent à l’élaboration d’un compost de qualité. Épandue en litière sur le sol, cette matière est appelée BRF (bois raméal fragmenté). C’est un excellent paillis qui conserve bien l’humidité naturelle du sol, empêche l’évaporation et se décompose assez rapidement (un an) apportant une précieuse matière organique.
• Thé : assez riche en azote, ce n’est jamais que des morceaux de feuilles qui vont se décomposer très rapidement. Le volume disponible dans une famille rend ce matériau anecdotique. Il est tout à fait possible de composter les sachets de thé en tissu. Au niveau de son utilisation en tant que fertilisant, le thé est loin d’être paré des vertus « miraculeuses » qu’on lui attribue souvent dans la littérature « bio ».
Les produits à composter éventuellement
Ils peuvent parfaitement être recyclés, mais leurs qualités sont inégales ou ils présentent des particularités ou des défauts qui limitent leurs usages.
• Aiguilles de conifères : formant parfois un tapis épais et donc une masse organique potentiellement intéressante, elles ne se décomposent pas très rapidement et surtout elles fournissent un compost très acide et plutôt pauvre en éléments minéraux, que l’on appelle de la sapinette. Il est d’ailleurs possible de mélanger la sapinette avec du sable pour obtenir un succédané de terre de bruyère. Attention aussi, les résines et substances terpéniques contenues dans les aiguilles de conifères, possèdent un réel effet phytotoxique (anti germinatif).
• Arêtes et déchets de poissons : si ces produits sont bien broyés et mélangés à de la matière végétale (paille broyée, feuilles), ils peuvent être mis à décomposer sur le tas de compost (gare l’odeur, enfouissez-les bien !). Ils apportent de l’azote et des oligo-éléments.
• Bioplastique : ces nouvelles matières à base d’amidon (de maïs, de pomme de terre, etc.) se décomposent plus ou moins lentement selon leur qualité. Il est préférable de les réduire en miettes ou en lambeaux avant de les intégrer dans le tas de compost. Leur apport à la valeur agronomique du compost est quasiment nulle.
• Coques de noisettes et de noix : il faut les broyer finement avant de les incorporer au compost. En revanche, juste concassées, elles constituent un paillis décoratif de plus en plus apprécié, dont la décomposition se produit en 3 ans.
• Laine et coton : bien découpé en petits fragments un vieux chandail peut être incorporé au compost à condition qu’il ne soit constitué que de fibres naturelles (les fibres synthétiques ne se décomposent pas). Certaines teintures très coriaces peuvent contenir des substances artificielles peu appréciées par les micro-organismes du sol. Il est indispensable de mélanger les morceaux de tissus (la soie convient également) à des déchets verts (d’origine végétale) pour favoriser la décomposition.
• Pain : plutôt long à composter, mais potentiellement valable le pain rassis très dur doit être d’abord haché en petits morceaux. Mais il est de loin préférable de l’éparpiller sur une mangeoire ou même au sol, ce qui régalera les oiseaux du jardin, surtout en hiver.
• Papier : s’il est potentiellement compostable une fois bien déchiqueté, le papier pose des problèmes par son traitement chimique destiné à le blanchir ou au contraire à le colorer. Tous les papiers imprimés doivent être bannis du compost, à moins que vous ne soyez certain que les encres utilisées étaient d’origine naturelle. Les papiers glacés, lustrés, vernissés et a fortiori plastifiés ne sont pas compostables.
• Sciure : celle provenant de bois non résineux est utilisable en petite quantité pour le compostage, mélangée à divers autres matériaux pour éviter qu’elle ne s’agglomère, ce qui nuirait à la transformation. N’utilisez pas la sciure provenant d’aggloméré ou de contreplaqué car les colles utilisées renferment des substances mal supportées par les plantes.
Les produits qu’il ne faut pas composter
Pour les diverses raisons qui vont être exposées, le recyclage par compostage des produits suivants est fortement déconseillé.
• Agrumes : la peau des oranges, citrons et pamplemousses, ainsi que les parties fibreuses du fruit obtenues après le pressage ont beaucoup de mal à se décomposer (la température du tas doit dépasser les 60 °C). Par ailleurs, les zestes contiennent des essences aromatiques dont l’effet peut s’avérer néfaste sur la germination de certaines plantes.
• Bois traité ou peint : les substances toxiques contenues dans certains produits d’imprégnation du bois ou dans les peintures (solvants notamment) sont incompatibles avec une bonne qualité agronomique du compost et peuvent même jouer un rôle négatif sur les cultures.
• Cendre de barbecue : la présence de graisses brûlées est déconseillée dans tous types de recyclages.
• Cendre de charbon : la houille renferme des substances toxiques (des goudrons) qui peuvent se retrouver dans les cendres si la combustion a été imparfaite.
• Déjections d’animaux domestiques : voir litières pour chats et chiens.
• Eau de vaisselle : les graisses et les détergents (même d’origine naturelle) sont indésirables pour le bon équilibre et la vie du sol.
• Feuilles mortes : celles des eucalyptus, noyer, platane, rhubarbe contiennent diverses substances toxiques ou répulsives, incompatibles avec l’obtention d’un compost de qualité agronomique satisfaisante. Par exemple la juglone du noyer (Juglans nigra) constitue un herbicide naturel d’une grande efficacité (phénomène d’allélopathie). L’acide oxalique très présent dans les feuilles de la rhubarbe produit un effet toxique sur les micro-organismes du sol.
Les pétioles épais et durs des feuilles de marronniers ont beaucoup de mal à se décomposer, de même que le rachis de certaines grandes feuilles composées (ailante, frêne, etc.)
• Fromage : il se composte assez bien, mais a tendance à attirer les rats.
• Fruits pourris : ceux qui sont tombés au pied des arbres ou sont restés momifiés sur les branches renferment pour une grande majorité des germes de maladies cryptogamiques graves (tavelure et moniliose en particulier). Ils ne peuvent pas être recyclés et doivent être brûlés.
• Huile et sauce : ces produits sont inacceptables dans le sol du jardin, mal tolérés par les micro-organismes et surtout attirant certains champignons pathogènes.
• Litières pour chats et chiens : même si elles sont présentées comme « biodégradables », les litières d’animaux carnivores sont déconseillées pour le tas de compost. En revanche, celles provenant de rongeurs et autres animaux herbivores sont tout à fait valables.
• Mauvaises herbes : lorsque leurs graines sont parvenues à maturité ou qu’il s’agit d’espèces rhizomateuses (type chiendent) ou se bouturant facilement (type liseron), les risques de pollution du compost par ces adventices sont trop importants. Bien évidemment, les herbes indésirables traitées à l’herbicide ne sont pas compostées.
• Plantes malades : les feuilles et les rameaux tachés, décolorés, déformés, flétris sont porteurs de germes pathogènes qui vont profiter de la chaleur générée par le compost pour hiverner tranquillement. Seule la destruction des organes malades (voire de la plante entière) constitue une mesure de protection valable à la propagation des maladies. Il en est de même pour les ravageurs. Les plantes infestées ne sont bien sûr pas compostées.
• Poussière : on pourrait être tenté de jeter sur le tas de compost le contenu de l’aspirateur. Même s’il s’agit majoritairement de fibres naturelles, elles sont souvent porteuses d’acariens et germes divers qu’il vaut mieux éliminer, le compostage pouvant les aider à se propager ?
• Produits laitiers : les matières grasses coagulent les particules à composter ce qui bloque la transformation, d’autant que les vers qui participent activement à ce travail semblent gênés par certaines substances contenues dans le lait (notamment des protéines). Par ailleurs, la dégradation du lait produit des odeurs très désagréables.
• Viande et os : les produits d’origine animale attirent les rats et les mouches. Par ailleurs, les micro-organismes du sol sont « programmés » pour opérer sur de la matière végétale et ce sont souvent d’autres microbes indésirables qui assurent la transformation des organismes animaux.
La plupart des photos illustrant cet article proviennent des collections de la photothèque MAP/Mise au Point et sont soumises au droit d’auteur : www.map-photos.com
patrick 10 février 2024
Oui vous avez raison comme toutes les feuilles épaisses, coriaces, qui ont du mal à se décomposer et en raison de la toxicité importante de la plante (mais qui ne serait pas transmise au compost).
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Bien cordialement PM
Philippe 2 février 2024
Il me semble que les feuilles de laurier rose sont à éviter dans le compost