La génération spontanée existe ! Chaque année le mythe devient réalité dans le Namaqualand, province sud-africaine qui s’étend le long de l’océan Atlantique jusqu’à la Namibie. En août – septembre, au début du printemps austral, ce désert se transforme en champ de fleurs…
Bande de littoral semi-désertique, couvrant 55 000 km2 (un dixième de la superficie de la France ou quatre fois celle de l’Île de France) et située au nord-ouest de la province du Cap en Afrique du Sud, le Namaqualand constitue un véritable trésor pour les botanistes. Les premières pluies printanières transforment en quelques jours le paysage aride et rugueux en un kaléidoscope coloré, composé de fleurs innombrables qui éclosent comme par enchantement. À travers cette débauche de couleurs, les plantes semblent animées d’une frénésie de vie, qui seule assurera leur survie.
En effet, le temps presse… Après avoir poussé dans la fraîcheur humide de l’hiver, les espèces annuelles, qui dominent dans le paysage, disposent d’environ un mois au printemps (nous sommes dans l’hémisphère Sud et donc fin août, début septembre) pour assurer leurs deux grandes missions existentielles : prospérer en colonisant le maximum de terrain et pérenniser l’espèce en fleurissant, puis en formant des graines. Car dès la mi-septembre, le soleil qui s’élève toujours plus haut, va chasser les nuages et anéantir la quasi-totalité de la végétation par l’ardeur de ses rayons. Seuls subsisteront quelques buissons épineux et des plantes grasses (succulentes) qui s’amaigriront au fil des mois, en consommant leurs réserves.
Vacances d’été
Pour les fleurs du Namaqualand, le repos végétatif est le seul moyen de survivre à la brûlure du soleil estival. Les espèces annuelles ont essaimé leurs graines au gré du vent. Parfaitement à l’abri sous le tégument épais, le germe vital peut faire face à des conditions extrêmes et attendre jusqu’à quatre ou cinq ans le retour des conditions favorables. Mais la nature est rude et les chances de survie faibles, la dispersion étant hasardeuse et les prédateurs nombreux (surtout des insectes).
C’est pourquoi chaque espèce a besoin de quantités importantes de semence. Une fleur qui produit une centaine de graines n’est guère assurée de plus de deux ou trois descendants. Les fleurs à bulbes, à tubercules ou à cormus, qui sont légion dans cette partie du globe, enterrent profondément leur organe de réserve pour échapper à la dessiccation. On les appelle des géophytes, c’est-à-dire « plantes de terre », le sol jouant un rôle d’isolant naturel en leur faveur.
Chez certaines espèces, comme les Massonia, Lachenalia, Whiteheadia et Androcymbium, le feuillage survit après la floraison. Il se limite souvent à deux larges feuilles épaisses qui rampent sur le sol, récupérant la rare humidité produite par évaporation.
Dans cette région où les précipitations s’échelonnent entre 100 et 200 mm par an (les zones les moins arrosées de France reçoivent 600 mm), le retour du printemps a quelque chose de miraculeux, qui met en évidence la valeur inestimable de la vie. Pour les amateurs de beaux paysages et de plantes, c’est une escale touristique à s’offrir une fois dans sa vie.
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