LE COMPORTEMENT DES ESPÈCES CHANGE SOUS L’EFFET DU CLIMAT
Alors que vient de se clore le 12 décembre à Lima (Pérou), la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (et avant le sommet mondial sur le climat l’année prochaine à Paris), l’association Bretagne Vivante a manifesté son inquiétude sur les conséquences du réchauffement climatique en Bretagne. Du fait d’un littoral sensible et d’une géographie péninsulaire, l’augmentation des tempêtes et toute montée des eaux dans les années à venir seraient très préoccupantes.
Les dérèglements climatiques entraînent aussi un fort impact sur la faune et la flore bretonne. Plantes, oiseaux migrateurs, batraciens, insectes et même poissons sont sujets à des modifications de plus en plus perceptibles. La grenouille rousse (Rana temporaria), par exemple, change son aire de répartition bretonne, devenant de plus en plus rare dans le sud de la région.
L’intrusion d’insectes venus du Sud
Par ailleurs, des espèces d’insectes jusqu’à présent méridionales se répandent de plus en plus largement en Bretagne tels la grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima), le grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), le conocéphale gracieux (Rospolia nitidula), le criquet tricolore (Paracinema tricolor), etc. À plus long terme, d’autres espèces, l’olivier par exemple, pourraient finir par s’installer en Bretagne. La première « oliveraie de l’Ouest » a d’ailleurs vu le jour en Cornouaille britannique…
Le désordre climatique questionne aussi nos manières d’aménager le territoire : rôles des zones humides et des haies contre les inondations, de la végétation littorale contre l’érosion, de la trame verte et bleue pour le déplacement des espèces…
Régression de certaines populations animales
Des espèces de papillons, comme le tristan (Aphantopus hyperantus) et le petit collier argenté (Clossiana selene), autrefois largement répandus dans la région mais affectionnant des climats frais et humides, ont fortement régressé ces dernières décennies en Ille-et-Vilaine ainsi qu’en Loire-Atlantique, départements aux climats les plus secs (le tristan a même disparu de ce dernier).
Côté poissons, on rencontre aujourd’hui régulièrement en Bretagne des balistes (une espèce d’origine subtropicale), tandis que les blennies paon (Salaria pavo) révèlent aussi le changement climatique. Absentes en Bretagne jusqu’en 1986, elles sont désormais en constante progression.
Chez les oiseaux, héron garde-bœufs (Bubulcus ibis), aigrette garzette (Egretta garzetta), échasse blanche (Himantopus himantopus), cisticole des joncs (Cisticola juncidis) sont autant d’espèces aux affinités méridionales désormais installées durablement en Bretagne.
L’arrivée de nouvelles plantes
Côté flore, l’orchidée sérapias à petites fleurs (Serapias parviflora) s’étend sur les côtes atlantiques depuis les années 1970 ; elle abonde maintenant sur certains secteurs côtiers.
L’andryale à feuilles entières (Andryala integrifolia), une Astéracée vivace dont les fleurs jaunes ressemblent beaucoup à celles du pissenlit, était présente seulement au sud de la Loire en 1900 ; elle est désormais courante, même à l’écart des côtes, sur tout le sud de la Bretagne.
Plante strictement méditerranéenne, le trèfle cotonneux (Trifolium tomentosum), à l’origine, importé accidentellement par des campeurs, s’est implanté durablement sur la presqu’île de Quiberon.
Des périodes de floraison inattendues
Sans qu’il soit réalisé d’études quotidiennes, des observations plus ponctuelles étonnent aussi les naturalistes. Ainsi, une botaniste de Bretagne Vivante en Loire-Atlantique signale avoir observé fin novembre de cette année, la floraison de plusieurs espèces printanières comme le prunellier (Prunus spinosa), le pissenlit (Taraxacum officinale) et la marguerite (Leucanthemum vulgare).
Tous ces exemples pris parmi de nombreux autres conduisent l’association à affirmer qu’un véritable changement écologique est en train de se produire. www.bretagne-vivante.org