JOHN FRASER, LE PÉPINIÉRISTE ET BOTANISTE DES TSARS
Le 14 octobre 1750 naissait dans le hameau de Tomnacross dans l’Inverness-shire en Écosse, John Fraser, botaniste écossais, mort le 26 avril 1811 à Sloane Square à Londres en Angleterre. Débutant dans une carrière commerciale, il fut initié à la botanique par l’horticulteur William Forsyth (1737-1804) qui dirigeait le Chelsea physic garden. Puis, John Fraser géra sa propre pépinière « Hermitage nursery » à Ramsgate dans le Kent de 1817 à 1835.
En 1780, il s’installa à Londres, créant l’American Nursery à Sloane Square, King’s Road, que ses fils continuèrent à entretenir après sa mort. Cet établissement fut alimenté en plantes originales ou nouvelles récoltées lors de ses voyages, par John Fraser lui-même.
Le fournisseur de plantes de Catherine II de Russie
Véritable aventurier de la botanique, John Fraser a récolté des spécimens de plantes au cours de nombres voyages, d’abord à Terre Neuve (1780), puis en Amérique du Nord (1783) qu’il visita plusieurs fois, mais aussi dans les Caraïbes et à Cuba. Il fit de fructueuses affaires en Russie où il vendit en 1795 un important lot de plantes à la tzarine Catherine II de Russie (1729-1796) qui fut enchantée de son acquisition. Il fit de même en 1798 pour le tsar Paul 1er (1754-1801).
John Fraser édita des catalogues de sa pépinière en 1790 et 1796, ce qui était précurseur pour l’époque. Il possédait aussi un important herbier qui fut vendu à la société Linnéenne de Londres en 1849.
Un excellent chasseur de plantes
Selon les écrits de l’époque, on doit à John Fraser l’introduction en Europe de 220 plantes nouvelles. Il a entre autres découvert Phlox stolonifera (Polemoniaceae) dans l’état de Georgie en 1786 et il fut le premier européen, en compagnie du Français François-André Michaux (1770-1855), à observer en 1789, un Rhododendron catawbiense (Ericaceae) dans les Roan Mountains, au sud des Appalaches.
En 1807, John Fraser découvrit à Cuba les plantes appelées aujourd’hui Jatropha integerrima (plante corail, Euphorbiaceae) un arbuste buissonnant aux fleurs rouges, très cultivé dans les jardins tropicaux et Coccothrinax miraguama (Arecaceae) un palmier endémique des savanes de Cuba. Il en rapporta des spécimens vivants en Angleterre.
La seule plante nommée valablement par Fraser
Sur les neuf plantes décrites et nommées par John Fraser la nomenclature botanique internationale n’a retenu que Thalia dealbata (thalie blanchie, Marantaceae) une plante aquatique américaine, dont la publication date de 1794. Aujourd’hui, cette espèce rustique est couramment cultivée dans les bassins d’ornement en Europe.
Des plantes qui honorent la mémoire de John Fraser
En revanche, plusieurs espèces qui ont été récoltées par John Fraser lui furent dédiées. C’est le cas pour Abies fraseri, d’abord appelé Pinus fraseri en 1813 par le botaniste germano-américain Frederick Traugott Pursh (1774-1820), nom rectifié en 1817 par l’abbé français et botaniste Jean-LouisMarie Poiret (1755-1834) et accepté dans la classification valide aujourd’hui.
Magnolia fraseri a été décrit et nommé en 1788 par Thomas Walter (1740-1789). Ce dernier créa en 1788 le genre Frasera (Gentianaceae, 15 espèces), en hommage à John Fraser.
John Fraser est considéré comme étant le premier jardinier à avoir cultivé des dahlias en plein air, à la fin du xviiie siècle. Ces plantes étaient jusqu’alors considérées comme des espèces de serre chaude, du fait de leur origine mexicaine.