JOHN ELLIS, LE DÉCOUVREUR DE LA DIONÉE GOBE-MOUCHES
Le 15 octobre 1776 décédait à Londres John Ellis, naturaliste britannique, né vers 1710 en Irlande. D’abord intéressé par les invertébrés marins, il a beaucoup travaillé sur les coraux, publiant même en 1755 : « An essay towards the Natural History of the Corallines. », qui a été traduit en français l’année suivante.
Élu membre de la prestigieuse Royal Society en 1754, John Ellis a pu, dans le cadre de ses activités professionnelles de commerçant, explorer la nature en Floride et en république Dominicaine de 1764 à 1770, montrant alors un intérêt particulier pour la végétation.
Une découverte qui étonna même le grand Linné
Côté botanique, John Ellis est connu pour avoir décrit le premier la plante carnivore Dionaea muscipula. Le 23 septembre 1769, il adressa une lettre au très fameux naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) qui disait ceci : « Mon cher ami, je sais que toute découverte dans la nature est un régal pour vous ; mais avec cela, vous allez faire la fête ». Une belle gravure de la plante, colorée à la main, servait de frontispice à la lettre.
Des idées ingénieuses pour transporter les plantes
John Ellis a expédié de nombreuses semences et spécimens de plantes depuis les États-Unis vers l’Europe. À l’époque, le transport de plantes à travers les océans s’avérait très difficile car il s’agissait de longs voyages qui, souvent duraient plusieurs mois. Même plantés dans du sable ou emballés dans des boîtes hermétiquement closes, les semences, les souches ou les bulbes pourrissaient ou se desséchaient. John Ellis fut le meilleur des transporteurs de plantes exotiques du dix-huitième siècle. Il mit au point des méthodes de collecte des semences et des plantes et imagina d’astucieux « bricolages » pour les garder viables durant de longs trajets.
Des plantes importantes décrites par John Ellis
John Ellis fut aussi un découvreur de plantes importantes, entre autres le premier Halesia carolina qu’il rencontra en Floride en 1756 et que l’on a appelé à l’époque « perce-neige en arbre ». Mais ce botaniste est passé à la postérité pour avoir créé les genres toujours valides aujourd’hui : Halesia (Styracaceae) en 1759 ; Gardenia (Rubiaceae) en 1761 en l’honneur du botaniste écossais Alexander Garden* (1730-1791), Gordonia (Theaceae) en 1771 et Dionaea (Droseraceae) en 1773. Il a aussi décrit les espèces Gardenia jasminoides en 1761 ; Illicium floridanum (Schisandraceae) en 1770.
Des ouvrages majeurs qui ont marqué leur temps
John Ellis est l’auteur de : « Directions for bringing over seeds and plants from East-Indies. » en 1770, dans lequel on trouve la première description de la dionée, mais aussi de nombreuses idées illustrant les moyens qu’il avait imaginés pour le transport des plantes ; « Historical Account of Coffee » en 1774 ; « Description of Mangostan and Bread-fruit » en 1775, publié avec le botaniste suédois Daniel Solander (1733-1782) et : « Natural History of Many Curious and Uncommon Zoophytes » publié à titre posthume en 1786.
La plante qui honore la mémoire de John Ellis
Carl von Linné (1707-1778), qui avait qualifié John Ellis « d’étoile de l’histoire naturelle », lui a dédié en 1763 le genre monospécifique Ellisia nyctelea (Hydrophyllaceae dans la classification classique et désormais intégré aux Boraginaceae par la classification phylogénétique).