POURQUOI MES FRUITS POURRISSENT-ILS SUR L’ARBRE ?
Comment se fait-il que mes fruits pourrissent sur l’arbre. Est-il possible de résoudre ce problème de manière bio ?
Présentes dans tous les vergers, les monilioses sont des maladies cryptogamiques provoquées par une bonne dizaine de champignons du genre Monilia. Les deux principales espèces : Monilia laxa et Monilia fructigena s’attaquent aux arbres fruitiers à noyau et à pépins ; toutefois M. fructigena est plus fréquent sur les poiriers et les pommiers. Monilia laxa, dont les coussinets de spores forment des taches de moisissure irrégulières grises, s’attaque aux fleurs, aux feuilles et aux fruits, tandis que Monilia fructigena, aux taches concentriques de couleur brun fauve, ne parasite que les fruits.
Une maladie qui se développe sur les blessures
Les lésions provoquées par la grêle, les piqûres d’insectes, les coups de bec des oiseaux, les tailles inappropriées, favorisent la pénétration des spores du champignon qui sont transportées par la pluie. Les attaques sont particulièrement virulentes lorsqu’il pleut durant la floraison, car par temps sec, le stigmate et l’ovaire de la fleur produisent un antibiotique naturel qui inhibe le champignon. En revanche, un taux important d’humidité désactive cette protection.
D’abord un flétrissement inquiétant
Une infestation de Monilia laxa (particulièrement redoutable sur les abricotiers et les cerisiers) débute par une fanaison brutale des fleurs et un flétrissement des feuilles durant la végétation. Des chancres triangulaires peuvent se former sur les rameaux qui se dessèchent et se rident au printemps ou en été. Sur les arbres fruitiers à noyaux, des exsudations de gomme à proximité des zones infectées sont fréquemment observées.
Éliminez les fruits qui restent sur les arbres
Le champignon se conserve en hiver dans les chancres, les pousses sèches et les fruits momifiés qui restent sur les arbres. Il est indispensable d’éliminer ces derniers et de tailler les rameaux atteints. Toutes les parties malades prélevées doivent être brûlées. Pour compléter la prophylaxie, débarrassez le tronc et les branches de la mousse et des lichens qui servent d’abri aux spores du champignon.
Pas de fongicide homologué pour les jardiniers
Bien que le cuivre ne soit pas homologué sur la moniliose, vous obtiendrez de bons résultats en pulvérisant de la bouillie bordelaise (acceptée en culture biologique). Vous devez opérer aux stades de végétation suivants :
• au moment de la chute automnale des feuilles ; en fin d’hiver lors du gonflement des bourgeons ; durant l’éclatement des bourgeons (débourrement) ; lorsque les pétales tombent en fin de floraison et à la formation des fruits.
Des essais ont montré que la « bouillie nantaise » ou bouillie sulfo-calcique, un mélange de lait de chaux et de soufre, serait plus efficace sur le monilia que le sulfate de cuivre, mais cette préparation n’est pas encore homologuée pour cette maladie et elle n’est pas proposée dans le commerce jardin d’amateur.
Les arboriculteurs « bio » utilisent aussi le lithothamne (poudres d’algues, aussi appelé maërl) susceptible de renfermer des micro-éléments gênant la pénétration du champignon dans le végétal. Mais l’efficacité est très limitée et cette solution ne peut pas être envisageable dans le cas d’une attaque sérieuse.
Des solutions nouvelles devraient assurer l’avenir
De nouveaux traitements biologiques sont actuellement étudiés. Il s’agit d’utiliser Penicillium frequentans (P. glabrum) ou Epicoccum nigrum, des champignons microscopiques qui présentent la particularité de produire des substances antibiotiques ou des pigments aux effets allergènes vis-à-vis d’autres mycètes, notamment les Monilia. Un produit de traitement stabilisé a pu être obtenu en laboratoire en 2003.
Mais comme ces champignons présentent certains risques potentiels pour certaines cultures ainsi que les humains, cette voie est explorée avec circonspection et n’a pas encore donné lieu à un processus d’industrialisation.
Mieux vaut prévenir que guérir
Pour prévenir l’apparition de la moniliose sur les fruits en conservation, les professionnels utilisent depuis les années 1980 deux bactéries : Bacillus cereus et Bacillus substilis qui détruisent les hyphes (filaments formant le mycélium) des Monilia en produisant des antibiotiques (phénomène similaire à celui découvert avec la pénicilline). Mais ces méthodes ne sont pas homologuées pour le jardin d’amateur.
• Le bon conseil de MiouMiou : une lutte efficace contre la moniliose ne peut qu’être préventive. Évitez l’excès d’azote (pas de fumure organique, notamment de fumier frais) et la carence en potassium (apportez des cendres de bois ou de la potasse d’Alsace). Ne laissez pas trop de fruits sur les arbres (éclaircissez) et taillez la ramure pour obtenir une structure aérée qui réduit les risques de germination du monilia.