BOTANIQUE ÉROTIQUE : DES PLANTES TRÈS VIRILES
Affirmer que l’être humain est une bête de sexe peut paraître présomptueux eu égard aux performances et aux attributs de certains animaux. En revanche, notre imaginaire a tendance à voir du sexe partout et plus particulièrement dans la nature. C’est ainsi que la forme plus ou moins suggestive de certains organes végétaux leur a valu des appellations plutôt coquines. Je vous propose dans les lignes suivantes de retrouver les plantes qui évoquent le sexe masculin…
Voici par ordre alphabétique ma sélection de plantes dont le nom ou bien la forme sont nettement associés à l’organe mâle…
L’arbre à couilles ou roustonnier (Calotropis procera)
Ce petit arbre de la famille des Asclepiadaceae, très commun dans les régions arides d’Afrique et du Moyen-Orient, porte divers noms populaires dont : « caille-lait du désert », « arbre de Satan » ou « arbre à soie du Sénégal ». Il porte des fruits verts qui ressemblent à des petites pommes ovales. Certains coquins n’hésitent pas à comparer ces fruits à des testicules, d’où les noms communs de : « roustonnier » ou encore « arbre à couilles » qui lui auraient été donnés par les légionnaires. On l’appelle aussi « pommier de Sodome », tout un programme… Attention, tous ses organes et notamment son latex (qui accentue sa connotation érotique masculine) sont très toxiques !
Le phallus géant de l’arum titan (Amorphophallus titanum)
Cette extraordinaire aracée indonésienne fait partie des plantes d’exception. Elle développe entre autres la plus grande inflorescence du monde végétal. Son spadice à l’odeur pestilentielle dressé comme un sexe de géant en pleine érection, justifie l’étymologie de son nom : sexe étroit. Sachant que le champion toutes catégories a été mesuré à 3,10 m (10 feet, 2,25 inches) et homologué par le Livre Guiness des records, sur un spécimen qui a fleuri en 2010 dans la collection privée du chirurgien américain Louis Ricciardiello à Gilford (New Hampshire), Mesdames, vous pouvez toujours rêver…
L’asperge, légume très érotique (Asparagus officinalis)
Difficile de donner une image plus phallique que l’asperge avec sa tige turgescente qui se termine par une tête arrondie plus ou moins rosée ou violacée. En langage argotique, cette jeune pousse (pour les botanistes, c’est un turion) désigne sans ambages le sexe masculin. D’ailleurs, on dit de manière triviale que les prostituées vont aux asperges (c’est faire le trottoir) pour lustrer l’asperge de leurs clients.
Dans les pensionnats de jeunes filles, l’asperge fut interdite de séjour au xixe siècle par les religieuses qui la soupçonnaient d’exciter l’imagination et les sens des demoiselles. Ceci a fort logiquement conduit Pierre Louÿs (1870 – 1925), dans son « Manuel de civilité pour les petites filles » en 1919 à écrire : « Ne faites pas aller et venir une asperge dans votre bouche en regardant languissamment le jeune homme que vous voulez séduire ».
La pointe coquine du bambou (Dendrocalamus giganteus)
Dans le langage argotique souvent très imagé, cette graminée au chaume bien dressé et à la croissance ultrarapide, désigne le sexe masculin. Il ne faut pas beaucoup d’imagination, en observant une jeune pousse de bambou émerger du sol, pour faire le parallèle avec un phallus en pleine possession de ses moyens. L’impression est particulièrement spectaculaire chez Dendrocalamus giganteus, qui, comme son nom l’évoque, est le plus grand de tous (jusqu’à 30 m). C’est aussi la plante ayant la croissance la plus impressionnante du monde végétal (jusqu’à 1 m par jour !). Quant à l’expression avoir le bambou, elle signifie tout simplement être en érection.
La banane (Musa x paradisiaca) qui fait rougir les jeunes filles
Sa forme suggestive présente indéniablement un côté « sex-toy » qui lui a valu, à une certaine époque, d’être le fruit défendu des pensionnats de jeunes filles. Dans un langage trivial, avoir la banane signifie être en forme, mais aussi et surtout en érection ! C’est sans doute ce qui a fait dire à François Cavanna (1923-2014) dans Le Saviez-vous ? (Gallimard 1990) : « La jeune fille bien élevée est le seul animal qui rougit en voyant une banane. »
Bifora testiculata, la plante à testicules
Cette annuelle appartenant à la famille des Apiaceae (ombellifères) est inscrite sur la liste des espèces menacées en France car on la rencontre seulement dans quelques rares stations de Provence, de Corse et du Maine-et-Loire. En revanche, elle est considérée comme une mauvaise herbe en Australie. Elle doit son curieux nom d’espèce à son fruit formé de deux coques qui, lorsqu’on a l’esprit assez mal tourné, évoque (assez bien il faut le souligner) une paire de testicules.
Le bois couille à la créole (Marcgravia umbellata)
Endémique des Antilles, cette liane qui a donné son nom à la famille des Marcgraviaceae, est aussi appelée « pattes de singe ». poussant accrochée aux troncs des arbres de la forêt tropicale, elle développe des inflorescences vertes très étonnantes. Si l’on a un tant soit peu le regard lubrique elles donnent l’impression d’un bouquet de verges pendantes entouré d’une couronne de testicules, d’où le nom créole particulièrement bien choisi. Il faut le voir pour le croire ! Mais les botanistes auraient dit bien plus pudiquement qu’il s’agit de grappes ombelliformes, la position particulière des fleurs ayant pour but d’attirer les colibris qui les pollinisent.
Les couilles d’évêque sont souterraines (Ranunculus ficaria)
Connue aussi sous le nom d’« herbe aux hémorroïdes », cette petite vivace européenne de la famille des Ranunculaceae, produit des tubercules ovoïdes qui ressemblent un peu à des figues, d’où l’allusion testiculaire et cléricale. Comme beaucoup d’autres renoncules, c’est une plante toxique. Elle est commune dans les prés et les pelouses non entretenues.
Couille de sergent (Terminalia catappa)
C’est le nom assez trivial que l’on donne aux fruits de cet arbre tropical de la famille des Combretaceae, originaire de Nouvelle-Guinée. Il est aussi connu sous le nom de badamier. Les fruits sont des drupes (chair tendre avec noyau) ovoïdes, d’abord vertes puis rouge vif à maturité. L’évocation de l’attribut masculin vient de leur forme et leur couleur Ces fruits, dont la graine à la saveur délicate est comestible, sont appréciés aux Antilles sous l’appellation « amandes-pays ». Les éleveurs de poissons d’aquarium (principalement de discus) utilisent les feuilles du badamier pour prévenir les maladies.
Notez que l’on attribue aussi parfois le nom « couille de sergent » aux fruits de l’arbre boulet de canon (Couroupita guianensis).
Couilles de taureau à croquer (Solanum esculentum)
Il s’agit d’une variété de grosse tomate de port indéterminé et bien productive. Les fruits à la forme renflée et à la chair bien charnue, rouge, sont plutôt tardifs (entre 65 et 80 jours de la plantation à la récolte). Ils pèsent en moyenne 300 g mais peuvent atteindre 1 kg, et se caractérisent par la dépression creuse au niveau du pédoncule. Cette tomate d’origine espagnole (son nom officiel est ‘Huevos de Toro’) a été créée au début du vingtième siècle à Jaén en Andalousie. Elle convient parfaitement pour faire des coulis ou à manger crue en salade.
– Notez dans la catégorie des « fruits érotiques » que les prunes, de même que les noisettes désignaient de manière argotique les testicules au début du vingtième siècle.
La figue ‘Couilles du pape’ (Ficus carica)
Cette variété est aussi appelée ‘Marseillaise’. Son nom est né d’une légende. En l’an 800, une femme prénommée Jeanne se serait fait élire Pape en se grimant comme un homme. Pour éviter toute nouvelle supercherie, la tradition veut qu’en Avignon, la cité des Papes, avant d’élire un nouveau Pontife, le prétendant devait se soumettre à un test. Il s’asseyait sur un trône percé. En présence des religieux réunis, un cardinal vérifiait ses attributs et s’exclamait en latin « il en a une belle paire et elles sont bien pendantes comme nos figues ». C’est ainsi que, dès le seizième siècle, on trouve l’appellation de la figue de Provence sous le nom de « couille du Pape ». La confiture de « couilles du pape » est une spécialité d’Avignon.
À l’inverse, en argot (plutôt provençal), la figue désigne aussi le sexe féminin. Par ailleurs, l’expression Avoir les figues molles : signifie n’éprouver aucun désir.
L’orchidée, plante testicule
Orkhis signifie « testicule » en grec, les pseudobulbes ovoïdes que forment certaines espèces comme les Cymbidium par exemple ayant inspiré les botanistes, de même que les racines tubéreuses des Orchis, genre européen. La terminologie est aussi utilisée en médecine, par exemple les êtres cryptorchides n’ayant pas de testicules dans le scrotum, un phénomène fréquent chez les chiens.
Le botaniste grec Dioscoride (1er siècle) décrivit avec une certaine délectation l’Orchis : « il a la feuille du poireau, la tige haute d’une palme, une fleur pourpre et la racine double en forme de deux testicules dont le plus gros, certains disent le plus mince, absorbé dans de l’eau excite les désirs sexuels et le plus petit ou le plus mou, pris dans du lait de chèvre, les éteint. »
Panais (Pastinaca sativa) et Poireau (Allium porrum) légumes virils
Un panais désigne en langage argotique le sexe masculin.Se dérouiller le panais est une manière triviale pour un homme de dire qu’il fait l’amour. La racine de carotte, qui peut être considérée comme la version « moderne » du panais est aussi considérée comme un symbole phallique.
Le poireau est aussi l’occasion d’évoquer le phallus en argot. Souffler dans le poireau, c’est pratiquer une fellation et d’une manière assez vulgaire dire : dégorger le poireau, désigne à la fois la masturbation et l’éjaculation.
On retrouve aussi une nette allusion érotique pour le poireau avec cette citation de Scott Cunningham dans L’encyclopédie des herbes magiques en 1986 : « Si une femme mange un jeune poireau blanc en visualisant intensément l’homme qu’elle désire, celui-ci se mettra à penser très fort à elle et pas uniquement avec la tête. »
Le satyre puant (Phallus impudicus), le bien nommé
Ce champignon vénéneux à la forme plus que suggestive de pénis en érection, développe un pied de 10 à 20 cm de haut, caverneux, creux, surmonté d’un chapeau blanc, libre, tronqué et troué en son sommet. Plus encore que par son aspect étonnant, il se remarque par son odeur putride puissante et fort désagréable. On le rencontre surtout dans les bois de feuillus.
Toujours dans le monde des mycètes, il faut signaler Testicularia cyperi, l’ancien nom donné à un microscopique champignon parasite de plantes aquatiques (Ustilaginomycetes). Il est désormais dénommé Bauerago cyperi-lucidi. Le nom Testicularia lui avait été attribué par Johann Friedrich Klotzch (1805 – 1860) en raison de sa forme en vésicules.
Le Trique-madame (Sedum album)
Cette petite vivace succulente appelée aussi « orpin blanc » doit son nom populaire assez coquin à la forme plus ou moins phallique de ses feuilles turgescentes qui peuvent aussi évoquer des testicules et de ses tiges florales dressées. En revanche, il ne faut rien attendre de sa consommation (les jeunes pousses sont comestibles) car ses propriétés sont plutôt calmantes…
Pour découvrir d’autres anecdotes croustillantes et très joliment illustrées sur l’aspect érotique des plantes et les espèces aphrodisiaques, je vous conseille mon livre « Herboristerie coquine » (Larousse) : http://www.amazon.fr/Herboristerie-coquine-carnet-botanique-érotique/dp/2035851491