Le 7 mars 1746 naissait à la ferme royale de Satory à Versailles, André Michaux, botaniste et explorateur français, mort le 11 octobre 1802 à Tamatave (Madagascar). Dès 1763, au décès de son père, André succéda à ce dernier à la tête de ferme du roi. En 1770, il partit étudier la botanique à Paris au Jardin du roi, suivant entre autres les cours de Bernard de Jussieu (1699-1777). En 1779, après avoir obtenu son diplôme de botaniste, André Michaux fut chargé d’une mission en Angleterre aux jardins botaniques royaux de Kew, puis il participa à une étude botanique en Auvergne dirigée par Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829). En 1779, il obtint son « Brevet de correspondant du Jardin royal ».
Le 28 février 1782, André Michaux fut envoyé en Perse par le gouvernement français pour une mission botanique, en compagnie de Jean-François-Xavier Rousseau (1738-1808), dont le père était cousin germain avec le célèbre philosophe. Après avoir séjourné plusieurs mois à Alep (Syrie), il gagna Bagdad et Bassorah (Irak). Après trois ans et demi d’exploration, il revint en France avec un herbier.
Des découvertes botaniques importantes au Moyen Orient
Ce voyage en Perse permit à André Michaux d’introduire dans les jardins botaniques français de nombreuses plantes originaires d’Orient, notamment le faux orme de Sibérie (Zelkova carpinifolia) et le ptérocaryer du Caucase (Pterocarya fraxinifolia), deux arbres qu’il découvrit sur les bords de la mer Caspienne et dont des spécimens plantés à l’époque subsistent encore aujourd’hui au Jardin des plantes de Paris. Il introduisit aussi en Europe le rosier de Perse (Rosa persica).
Michaux avait aussi découvert une petite campanulacée vivace que Charles Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800) nomma en son honneur Michauxia campanuloides. Ce genre peu courant, comprend aujourd’hui 7 espèces officiellement reconnues.
Exploration botanique de l’Amérique du Nord
Le succès de ce premier voyage valut à Michaux d’être nommé par Louis XVI le 18 juillet 1785 : « botaniste attaché aux pépinières cultivées sous les ordres du Directeur des bâtiments du roi ». Ce titre lui permet de « voyager en quelque pays que ce soit », aux frais du roi et sous sa protection. À l’automne 1785, André Michaux part donc en Amérique (les États-Unis viennent tout juste d’accéder à l’indépendance) afin d’y rechercher des arbres et des plantes utiles pour enrichir les forêts, les parcs et les jardins en France.
Chargé d’envoyer en France des arbres destinés au bâtiment et à la construction de bateaux, mais aussi des espèces fruitières et ornementales, des fleurs ainsi que des plantes médicinales qui ne sont pas encore cultivées chez nous, André Michaux s’embarque le 30 septembre à Lorient. Après avoir accosté le 13 novembre à New-York, il va, pendant dix ans, explorer l’Amérique du Nord, de la Floride (alors espagnole) jusqu’aux approches de la baie d’Hudson (Canada) et de la côte atlantique jusqu’au fleuve Mississippi.
Michaux, créateur de pépinières et de jardins botaniques
En 1786, André Michaux créa une pépinière et un jardin botanique dans le New Jersey et un autre à Charleston (Caroline du Sud) où il acclimata de nombreuses plantes. Il effectua aussi diverses expéditions lui permettant de décrire et de nommer de nombreuses espèces dont il collectait des plants et des graines destinés à la France.
C’est ainsi qu’il importa dans l’Hexagone de nombreuses espèces nouvelles de chênes, érables, noyers ainsi que le virgilier (Cladrastis lutea, Fabaceae), le magnolia à grandes feuilles (Magnolia macrophylla, Magnoliaceae), des Ericaceae comme : l’azalée flamme (Rhododendron calendulaceum), le rhododendron de Virginie (Rhododendron catawbiense), l’airelle fausse-myrtille (Vaccinium myrtilloides).
On doit aussi à Michaux : le chêne à gros glands (Quercus macrocarpa, Fagaceae), le sumac faux poison (Rhus michauxii, Anacardiaceae), l’arbre à fièvre (Pickneya bracteata, Rubiaceae), le jalap (Convolvulus jalapa, Convolvulaceae), le ginseng américain (Panax quinquefolius, Araliaceae), l’anis jaune (Illicium parviflorum, Schisandraceae), etc.
Un extraordinaire collecteur de plantes
Après son retour à Paris le 23 décembre 1796, le bilan de ses explorations est considérable. André Michaux a fait parvenir en France plus de 60 000 plants d’arbres et d’arbustes et 90 caisses de graines ! Il a découvert et décrit plusieurs centaines de nouvelles plantes, dont 300 nouvelles espèces et une trentaine de nouveaux genres dans les deux états de Caroline.
Manquant d’argent, il écrivit deux livres : « Histoire des chênes de l’Amérique septentrionale », en 1801, et en 1803 : « Flora borealis americana », une flore de l’Amérique du Nord rédigée en latin.
Dernière escale au bout du monde
Après avoir légué ses collections au Muséum national d’Histoire naturelle, André Michaux embarqua le 19 octobre 1800 pour l’Australie dans le cadre de l’expédition conduite par Jean-Baptiste Alphonse Victor Baudin (1754-1803). Il s’arrêta à l’île de France (Île Maurice) où il séjourna un an au Jardin des Pamplemousses. André Michaux partit en juin 1802 pour Madagascar afin d’en inventorier la flore. Mais il y mourut quatre mois plus tard d’une fièvre tropicale.
Outre le genre Michauxia, plusieurs plantes honorent la mémoire d’André Michaux : le sumac de Michaux (Schmaltzia michauxii, Anacardiaceae), le chêne de Michaux (Quercus michauxii, Fagaceae), le bouleau de Michaux (Betula michauxii, Betulaceae), l’astragale de Michaux (Astragalus michauxii, Fabaceae), le saxifrage de Michaux (Saxifraga michauxii, Saxifragaceae), la véronique de Michaux (Veronica michauxii, Plantaginaceae), l’armoise de Michaux (Artemisia michauxiana, Asteraceae), la laîche de Michaux (Carex michauxiana, Cyperaceae), etc.
Il faut aussi nommer : Licania michauxii (Chrysobalanaceae), Minuartia michauxii (Caryophyllaceae), et surtout le lis de Caroline (Lilium michauxii) qui, depuis 2003, est l’emblème de cet État Aux États-Unis. La Michaux State Forest, forêt de Pennsylvanie, et au Québec la réserve écologique Michaux ainsi que l’île Michaux sur le lac Mistassini lui sont aussi dédiées.