Cette étrange plante a poussé dans mon jardin. La connaissez-vous ?
Il n’est pas facile au premier regard d’identifier la vipérine (Echium vulgare) sur cette image, car la plante a développé une fasciation. Il s’agit d’une mutation (erreur dans le code génétique) caractérisée par l’élargissement du point de croissance (méristème) qui grossit rapidement et s’allonge perpendiculairement dans des directions multiples. Ce phénomène, qui induit une croissance plus rapide que la normale, produit un développement tissulaire important. Les ramifications se soudent dans un même plan, produisant des faisceaux et donc une tige aplatie qui s’élargit souvent en forme d’éventail.
Une croissance anormale et chimérique
Pour les botanistes, la fasciation est une anomalie de croissance qui produit une monstruosité naturelle (chimère), d’ordre le plus souvent génétique, mais aussi due parfois à la présence d’un virus ou à l’attaque d’une bactérie, notamment Rhodococcus fascians qui attaque les plants de tabac. L’étude des monstruosités végétales se nomme la tératologie, du grec teras : prodige et logos : science.
Un monstre botanique, mais parfois décoratif
La fasciation est un phénomène assez rare et imprévisible, qui a été observé sur une centaine d’espèces végétales dont une cinquantaine de cactus, dont les déformations sont souvent appréciées pour leur aspect ornemental. Des fasciations décoratives s’observent aussi chez certaines euphorbes, chez Cryptomeria japonica var. cristata et le cultivar du saule de Sakhaline : Salix udensis ‘Sekka’.
On trouve aussi des fasciations de tiges sur : ailante, aloès, asperge, concombre, digitale, érable, forsythia, fraisier, framboisier, grande lobélie (Lobelia syphilitica) igname (Dioscorea batatas), oca du Pérou (Oxalis crenata), pied d’alouette (Delphinium spp.), pin de Hoop (Araucaria cunninghamii), pissenlit (Taraxacum officinale), primevère, soja (Glycine max), Suzanne aux yeux noirs (Thunbergia alata) etc.
Notez aussi que certains arbres tropicaux du genre Bauhinia (Fabaceae) souvent appelés « arbres aux orchidées », possèdent la particularité de pouvoir présenter des fasciations sur tous les organes, y compris les racines et les cotylédons. Ces anomalies se traduisent souvent par l’altération de la disposition des feuilles et par l’augmentation du nombre des folioles.
Des fasciations chez les fleurs
On trouve aussi, bien que plus rarement, des fasciations florales. L’exemple le plus courant est la célosie crête de coq (Celosia argentea var. cristata), dont les fasciations qui ressemblent à des mains ou des éventails prennent le nom de « cristation ».
Les fasciations florales permettent de transmettre l’anomalie par voie sexuée (semis). Cette particularité se retrouve aussi chez certains petit pois et tomates, en particularité la variété ‘Bifteck’ dont les fleurs elles-mêmes sont fasciées.
Des anomalies encore mal expliquées
Les raisons de l’apparition des fasciations restent mystérieuses et semblent souvent dues au hasard, sans cause réelle. On a toutefois observé qu’une taille sévère, la présence d’une blessure, ou l’exposition à des longueurs de jour anormales ou à des basses températures favorisaient les fasciations. Il est aussi possible qu’elles aient une origine externe, notamment une attaque parasitaire (bactérie ou virus).