UN ARBRE AUX FEUILLES TRES INHABITUELLES
Pourriez-vous nous indiquer le nom de cet arbuste vu dans l’Estérel ? Le dessous des feuilles est velouté, les tiges coupées exsudent un peu de latex blanc…
Il s’agit du mûrier à papier ou mûrier d’Espagne (Broussonetia papyrifera), un arbre d’origine chinoise appartenant à la famille des Moraceae (comme le mûrier et le figuier).
Un mûrier qui honore un grand naturaliste français
La plante a d’abord été appelée Morus papyrifera par Carl von Linné et c’est le Français Charles Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800) qui créa le genre Broussonetia en 1799. Ce nom honore le naturaliste français, spécialiste des poissons, Pierre Marie Auguste Broussonet (1761-1807) qui fut le premier à introduire en France à la fin du dix-septième siècle des pieds femelles de mûrier à papier qu’il avait récoltés en Chine. Broussonet dirigea aussi le jardin botanique de Montpellier à la fin de sa carrière. La nomenclature botanique internationale reconnaît 11 espèces dans le genre Broussonetia.
Le Broussonetia, un arbre à l’écorce très utile
Le nom commun de mûrier à papier est dû à l’utilisation ancestrale en Asie de la partie inférieure de l’écorce pour confectionner du papier adapté à la calligraphie et à la peinture. Cette fibre est aussi utilisée comme textile traditionnel chez les Maoris et en Polynésie sous le nom de « tapa ».
Des feuilles de formes variables selon les âges
Broussonetia papyrifera est un arbre à feuilles caduques peut atteindre 15 m de haut. Les feuilles caduques, alternes, sont profondément lobées chez les jeunes arbres, plutôt entières ou cordiformes chez les sujets adultes. Elles prennent une jolie teinte dorée en automne. La plante sécrète une sorte de latex lorsqu’on taille ses rameaux veloutés qui renferment une moelle blanchâtre.
Des fleurs décoratives et des fruits comestibles
Le mûrier à papier est dioïque (les plantes sont unisexuées). Les fleurs mâles sont des chatons vert pâle qui apparaissent en mai et juin. Les fleurs femelles forment des capitules plumeux assez décoratifs.
Après fécondation, les fleurs femelles donnent en juillet des fruits globuleux rouge orangé de 2 à 3 cm de diamètre de forme hérissée et de texture collante. Ils sont comestibles, avec un goût sucré pas désagréable.
Le Broussonetia mériterait d’être plus couramment cultivé
On rencontre peu de mûriers à papier dans nos jardins car leur rusticité est assez faible, les premiers dégâts apparaissant à partir de -7 °C sur les jeunes rameaux. On reproche aussi à cet arbre de drageonner ce qui le rend envahissant dans les régions au climat doux. En revanche, il supporte parfaitement la sécheresse.
Attention, confusion possible !
Les feuilles des jeunes sujets de mûrier à papier ressemblent beaucoup à celles du laurier des iroquois (Sassafras albidum), un petit arbre de la famille des Lauraceae, originaire d’Amérique du Nord.
Patrick 15 juillet 2023
Je ne connais pas de problèmes de rusticité pour le Broussonetia. Ne craignez donc rien pour vos chiens, même si ce n’est jamais très bon pour eux de mâchouiller des feuilles. Bien jardinièrement. PM
Roman Monique 9 juillet 2023
J’en ai beaucoup autour de ma maison…arbre magnifique mais très envahissant!!! Est il toxique pour les chiens qui mangent les feuilles sèches??