ÉLIMINER AU NATUREL LES GASTÉROPODES INDÉSIRABLES
Invertébrés dont il existe une quarantaine d’espèces en Europe, les limaces appartiennent à l’embranchement des mollusques. Se déplaçant en rampant sur leur partie ventrale ou sole, elles font partie de la classe des gastéropodes (étymologiquement : le pied dans l’estomac). Au cours de leur trajet, elles sécrètent un mucus qui forme un dépôt révélateur de leur présence. Les limaces font partie des ravageurs les plus redoutables pour le jardin car leurs dégâts sont rapides et fulgurants !
Les limaces sont très polyphages
Dès que le sol est suffisamment chargé d’humidité, par exemple après une averse ou un bon arrosage, les limaces entrent en activité. C’est pourquoi leurs méfaits de ravageurs des cultures sont nettement moindres par temps sec et chaud. Les gastéropodes montrent une prédilection pour les tissus tendres des végétaux, notamment les plantules venant de lever ou juste repiquées et les toutes jeunes pousses des plantes vivaces. Delphinium et Hosta ont nettement leur préférence ainsi que les salades, les choux et l’oseille, mais elles adorent aussi les thlaspis (Iberis), les ligulaires (Ligularia), les centaurées, les dahlias et de manière irrésistible le faux hortensia grimpant (Schizophragma) ! D’une manière générale, peu de plantes échappent à l’appétit des limaces, y compris les fruits et même les orchidées…
Des ravageurs nocturnes à l’appétit féroce
Les limaces préfèrent se nourrir le soir et la nuit lorsque l’air est le plus humide. Leur activité maximale se produit lorsque les températures sont comprises entre 15 et 20 °C. Une densité de 10 à 50 limaces par mètre carré est assez courante, mais sans action de biocontrôle des populations, on peut observer de 200 à 500 limaces sur la même surface, ce qui entraîne la destruction rapide des cultures.
Lorsque les conditions climatiques ne sont pas favorables, les limaces peuvent rester plusieurs jours sans se nourrir. En revanche, elles sont capables de consommer en une seule nuit la moitié de leur poids !
Les limaces se multiplient très rapidement
Les limaces pondent en avril et mai, disposant leurs œufs (jusqu’à 400) protégés dans du mucus, sous une motte de terre, un fragment d’écorce, une pierre, une tuile, sous les pots, dans le compost ou les paillis car elles apprécient la présence d’humus. C’est aussi dans ces endroits qu’elles s’abritent lors des journées chaudes.
L’éclosion se produit après trois semaines et dès leur naissance les jeunes limaces montrent un fort appétit, dévorant de préférence les jeunes pousses et les feuilles les plus tendres. Il est donc important d’utiliser systématiquement de l’anti-limaces à cette période, de manière à réduire tout de suite la population de gastéropodes dans le jardin.
Les limaces peuvent transmettre aux plantes de redoutables maladies
Les limaces comptent parmi les ravageurs les plus difficiles à contrôler car la couverture du sol par un paillis organique, la proximité d’une haie dense ainsi que les zones enherbées non tondues constituent des zones où elles s’abritent.
Outre la prédation directe sur les cultures, les limaces sont soupçonnées de véhiculer avec leur mucus des virus, des bactéries et d’autres agents pathogènes comme les spores de maladies cryptogamiques. Les observations systématiques effectuées dans l’univers agricole, ont mis en évidence une recrudescence des ravages dus aux limaces depuis une quinzaine d’années.
Après l’hiver, des attaques en règle !
Les limaces s’enterrent pour hiverner ou se protègent du froid sous les tas de feuilles et dans les paillis, d’où l’intérêt de ne pas laisser ces derniers en place, sauf s’il s’agit de protéger des plantes un peu frileuses. Les hivers rigoureux régulent bien les populations de limaces en éliminant les spécimens les moins bien abrités.
Les individus survivants sortent de leur torpeur hivernale avec le réchauffement printanier, et cherchent immédiatement à s’alimenter. La tendance aux hivers doux que nous connaissons actuellement ne fait qu’accroître la pression des limaces sur les cultures, d’où la nécessité d’une lutte systématique.
De nombreux prédateurs, mais pas assez efficaces
Les limaces sont la proie de nombreux ennemis naturels : hérissons, musaraignes, taupes, carabes, crapauds, corneilles, grives, étourneaux, araignées, vers luisants, staphylin odorant, mille-pattes (iule), lézards, orvets, mais aussi larves de certaines mouches et vers prédateurs (nématodes), etc. L’utilisation d’un molluscicide naturel comme le Ferramol permet de préserver ces précieux auxiliaires, qui malheureusement, ne s’avèrent pas suffisamment efficaces pour limiter les colonies de gastéropodes à des niveaux supportables par nos cultures.
Les principales espèces de limaces qui sévissent dans le jardin
Gastéropodes qui mesurent entre 1 et 15 cm de long, les limaces se caractérisent toutes par leurs corps cylindrique et mou.
• Grande limace rouge (Arion rufus) appelée aussi « loche rouge », elle mesure plus de 10 cm de long. On l’observe aisément par temps humide car elle est alors active dans la journée.
• Limace espagnole (Arion lusitanicus) : ressemblant beaucoup à la grande limace rouge qu’elle a supplantée dans nos jardins, elle est un peu plus petite et généralement de couleur brune ou gris-vert. C’est une espèce très conquérante qui, originaire d’Espagne s’observe aujourd’hui quasiment dans toute l’Europe.
• Limace des jardins (Arion hortensis) appelée aussi limace horticole, elle mesure à peine 5 cm de long et peut adopter différentes nuances de brun orangé. On la reconnaît à ses deux bandes latérales noir et gris. De mœurs surtout nocturnes, elle est très vorace.
• Grosse limace grise (Limax maximus) désignée aussi parfois sous l’appellation « limace léopard » ou « limace tachetée », elle dépasse 10 cm de long et se reconnaît à son corps gris moucheté de noir. Elle fréquente beaucoup les potagers.
• Petite limace grise (Deroceras reticulanum) couramment appelée « loche », c’est sans doute l’espèce la plus redoutable dans nos jardins. Grise ou beige, tachetée, elle mesure de 3 à 5 cm de long. Elle consomme uniquement le limbe des feuilles, délaissant les nervures, ce qui donne un aspect effiloché aux plantes agressées. Sévissant au niveau du sol ou juste sous la surface, elle coupe les plantules au collet et les consomme entièrement.
Le Ferramol se montre également efficace sur les escargots, mais il est rare que l’on ait à traiter spécifiquement dans nos jardins contre les gastéropodes à coquille car leurs prédations sont en général d’un niveau tolérable. De toute façon, la lutte réalisée contre les limaces, permet également de contrôler les escargots lorsqu’ils sont présents.
Une lutte efficace et sans danger avec le Ferramol
Mis sur le marché en France en 2004 par la société allemande Neudorff qui en est l’inventeur, le Ferramol® a pour substance active l’orthophosphate de fer, plus couramment appelé phosphate ferrique (Fe3PO4). Ce composé minéral existe à l’état naturel dans le sol. Ce dernier est associé à des farines à base de blé dur, appétentes pour les limaces, l’ensemble étant formulé par extrusion sous forme de granulés de 2 à 3 mm de long contenant 9,9 g de phosphate ferrique par kilo. Le Ferramol ne présente pas de toxicité pour les oiseaux, les mammifères, les abeilles, ainsi que les différents auxiliaires qui constituent leurs principaux prédateurs.
Un molluscicide utilisable en agriculture biologique
Le phosphate ferrique étant quasiment insoluble, il n’est pas lessivé par les pluies. Par ailleurs la formulation spécifique du Ferramol, en granulés peu friables, lui permet de résister à la pluie et de ne pas perdre son appétence par temps humide. Une fois épandu sur le sol, le produit peut rester actif jusqu’à trois semaines.
Après usage, les résidus de Ferramol sont transformés dans le sol par des micro-organismes en deux éléments (ions) : phosphore et fer, des composés importants et indispensables à la vie des plantes. Il n’y a donc aucune forme de pollution possible.
Bien que les chiens et les chats ainsi que les organismes aquatiques ne soient pas incommodés par le Phosphate ferrique, il est conseillé de stocker le produit dans un endroit inaccessible pour les animaux (et les enfants) et de respecter une zone non traitée d’au moins 5 m autour des points d’eau. Non classé sur le plan toxicologique, le Ferramol est utilisable en Agriculture biologique, conformément à l’annexe II B du règlement Européen 834/2007.
Une élimination des limaces efficace et discrète
Le Ferramol® agit uniquement sur les mollusques (limaces et escargots) qui l’ont ingéré. Il provoque un effet coupe-faim dû à un bouleversement cellulaire dans les organes digestifs, qui entraîne quasi immédiatement un arrêt de leur alimentation. Les limaces qui ont consommé du Ferramol s’enterrent comme pour hiberner. Le produit entraîne de fortes perturbations métaboliques, notamment sur l’assimilation du calcium et la fonction hépatique. Les limaces meurent en moyenne en 5 jours. L’accumulation de fer au niveau de l’intestin bloque la production de mucus, ce qui évite toute souillure des cultures. On ne décèle donc pas de trace après le traitement et les cadavres, rapidement dégradés, ne sont pas visibles dans le jardin. L’efficacité du Ferramol reste constante à partir d’une température de 10 °C.
Étant donné que le produit n’agit pas par déshydratation du prédateur, la lutte donne d’excellents résultats par temps de pluie.
Une utilisation facile et à faible dose
Le Ferramol est homologué sur toutes les cultures. Il s’utilise en épandage à la dose de 5 g/m2, ce qui représente la valeur d’une cuillère à dessert bien remplie. Il est conseillé de disperser le Ferramol le soir, sur un sol bien humide (arrosez avant s’il est sec), et soigneusement émietté pour que le produit soit plus aisément accessible aux gastéropodes. Répartissez les granulés entre les plantes à protéger. Ne disposez jamais le produit en tas et ne surdosez pas, c’est inutile.
Effectuez de préférence le traitement entre 3 et 5 jours avant les semis ou les plantations, le temps que le produit produise une première action réductrice sur les populations. Renouvelez les applications dès que les granulés ont été consommés. Traitez aussi dès que vous observez les premiers dégâts ou simplement des traces de mucus sur les feuilles (taches gris argenté). Évitez si possible que le produit entre en contact avec les plantes (notamment sur les salades en pleine croissance).
Notez que le Ferramol s’avère aussi très efficace pour les cultures sous abri (serre, tunnel, châssis). Épandez le produit entre les plantes, mais aussi le long des parois de l’abri sur 20 à 30 cm de large.