Faut-il éliminer le lierre lorsqu’il monte le long de la maison et peut-il tuer un arbre lorsqu’il l’envahit ?
Je commencerai par citer le grand architecte Français, spécialiste de la rénovation Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) qui s’est exprimé en ces mots :« Le lierre, ce meilleur conservateur des monuments historiques… » Concernant d’éventuels dommages sur les murs, les spécialistes considèrent qu’un enduit de qualité, à base de résine synthétique ou de ciment, constitue un rempart impénétrable pour les racines aériennes en forme de crampons du lierre grimpant (Hedera helix). Par ailleurs, en raison de ses besoins important en eau, le lierre (mais toute autre plante grimpante aussi), contribue à assainir le sol au pied des murs, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.
Sur une maison, les rameaux du lierre s’agrippent aux aspérités du revêtement, sans le dégrader. En revanche, les joints dont le mortier est abîmé ou réalisés « à l’ancienne » avec un mélange de sable et de chaux (torchis) peuvent être gravement endommagés par la plante. Le lierre est interdit sur les murs en « pierres sèches » montés avec de la terre. En effet, il va s’enraciner dans les interstices et mettre la solidité de la construction en péril.
Le lierre est un climatiseur naturel utile
Une fois adultes, les tiges ligneuses très solides du lierre vont former une armure protectrice pour le support. Autre point positif, le lierre protège la construction des intempéries, en raison de son feuillage persistant qui constitue une couverture assez imperméable et même une isolation naturelle non négligeable. En été, l’épaisseur de feuillage atténue l’action du soleil, agissant comme un « climatiseur » naturel.
Si le lierre grimpe sur des structures en bois (claustras, treillages, pergolas), ses racines aériennes sont susceptibles de pénétrer par les fissures naturelles du matériau, permettant à l’humidité et aux champignons de s’y infiltrer, ce qui se traduit par une dégradation plus rapide du support.
Il faut aussi veiller à ce que les rameaux du lierre (et de toutes les espèces de plantes grimpantes d’ailleurs) ne viennent pas s’insinuer jusqu’au toit, au risque de le voir soulever les tuiles ce qui poserait des problèmes d’étanchéité à l’intérieur même de la maison.
Le lierre, un envahisseur très conquérant
Poussant plutôt verticalement et de manière rectiligne lorsqu’il trouve un support, il est très rare que les tiges du lierre s’enroulent autour du tronc d’un arbre au point de l’enserrer jusqu’à l’étouffer (il ne se comporte en rien comme les fameux « figuiers étrangleurs » des régions tropicales). La plupart des experts européens considèrent qu’un lierre grimpant sur un arbre ne nuit pas de manière significative à son hôte, bien que, mais dans une faible mesure, il lui fait concurrence pour le prélèvement des éléments nutritifs du sol et de l’eau.
Vous pouvez toujours couper le lierre au pied de l’arbre et faire en sorte d’éliminer ensuite tous les rejets. Les tiges de lierre qui envahissent le tronc et les branches de l’arbre finiront par se dessécher naturellement.
Le cas est plus problématique en Amérique du Nord, où les arbres peuvent être étouffés par le lierre. Originaire d’Europe et d’Asie, Hedera helix a été introduit assez récemment sur le continent américain. Il n’y rencontre pas de ravageurs ou de pathogènes naturels qui contrôlent sa vigueur dans ses régions d’origine. Les lierres constituent donc aujourd’hui des plantes invasives redoutables dans les régions à climat doux d’Amérique du Nord car ils créent une couverture dense et persistante qui se propage sur de grandes surfaces au détriment de la végétation indigène. En Californie, la culture du lierre est déconseillée. Des problèmes similaires sont aussi observés en Australie.
Éliminer le lierre, une opération délicate
Notez que l’élimination d’un lierre installé depuis de nombreuses années s’avère difficile. Lorsqu’il s’est développé en couvre-sol, il faut l’extraire avec ses racines et ne rien laisser en place car le lierre se bouture naturellement avec une facilité déconcertante. Lorsque le lierre a recouvert une construction, le supprimer est déconseillé car l’arrachage des crampons est susceptible de provoquer plus de dommages que la plante elle-même.
Attention donc lors de l’installation d’un lierre dans le jardin à bien le diriger et n’hésitez pas à le tailler, même de manière drastique, pour limiter son développement.
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