Pour le calendrier républicain français, le 18 novembre est le vingt-huitième jour du mois de Brumaire, qui avait été décrété officiellement jour du coing, fruit du cognassier. C’est l’arbre fruitier qui a subi le moins de modifications dans sa forme et sa saveur.
Cydonia oblongua appartient comme la quasi-totalité de nos arbres fruitiers à la famille des Rosacées. C’est un petit arbre originaire de l’Azerbaïdjan, de l’Iran et des bords de la mer Caspienne.
Le genre Cydonia, qui emprunte le nom d’une ancienne ville grecque de Crête, Cydon (aujourd’hui La Canée), a été créé en 1768 par le botaniste d’origine écossaise Philip Miller (1691-1771), l’arbre ayant été inclus plus tôt, mais à tort dans le genre Pyrus (poiriers) par l’incontournable Carl von Linné (177-1778). Ce dernier a également décrit et nommé l’unique espèce officialisée dans le genre : Cydonia oblongua, qui se décline toutefois en cinq formes et variétés botaniques acceptées par la nomenclature internationale.
Un fruit cultivé depuis 4 000 ans
Dans toute l’ancienne Perse (aujourd’hui l’Iran) et l’Anatolie (province de Turquie), la « Poire de Cydonie » comme on appelle aussi parfois le coing, est cultivée depuis une vingtaine de siècles avant notre ère. Les Grecs évidaient le coing et ils l’emplissaient de miel ou le faisaient cuire enrobé de pâte, comme un chausson. Ils utilisaient essentiellement une variété qui poussait aux abords de la ville de Cydon, en Crête.
Le coing est représenté, dans la mythologie grecque, campé entre les pattes d’un ours. Cette connotation religieuse se retrouve sur les mosaïques de Pompéi, et sur certaines peintures et statues de l’époque Antique.
Un coin pour accueillir le coing
Le fruit du cognassier est aussi appelé poire de Cydonie, pomme de Cydon ou pomme d’or. Connu en France depuis les temps médiévaux, le coing n’a pas seulement été employé en cuisine. Ses pépins servaient en parfumerie et en médecine.
On estimait au dix-septième siècle, que le coing dégageait une odeur désagréable, ce qui obligeait à le planter dans l’endroit le moins fréquenté du jardin (un coin pour y accueillir le coing). On disait aussi que de toute façon « il ne demande aucune culture ». Aujourd’hui j’affirme que le coing exhale une odeur agréable, même si elle est très forte et bien particulière.
Le fruit en forme de poire (piriforme), parfois côtelé, peut peser jusqu’à 1 kg chez la variété ‘Monstrueux de Vranja’. Il est revêtu d’un épiderme tomenteux (velouté) jaune vif. Le coing mûrit d’octobre à novembre, devant être récolté avant les premières gelées. Sa chair dure nécessite d’être cuite pour être consommable, mais cette particularité permet au coing de se conserver très longtemps à condition qu’il ne soit pas exposé à l’humidité.
Deux variétés recommandées
De nos jours, seuls les Américains travaillent sur la sélection de variétés de coings. En France, on cultive uniquement des obtentions datant de la fin du dix-neuvième siècle, dont les meilleures sont à mon avis :
‘Champion’ : obtenu en 1870 aux États-Unis, il forme un arbre de vigueur moyenne, mais fertile, à la silhouette régulière et bien ramifiée. Le fruit, piriforme, jaune vif, qui mûrit entre fin octobre et début novembre, pèse jusqu’à 500 g. Cette variété à la chair jaunâtre, tendre, très parfumée convient pour tous les usages. C’est la préférée pour la pâte de coing, mais ‘Champion’ accompagne aussi très bien les viandes blanches et les volailles rôties et s’avère délicieux en compote ou en confiture.
‘Monstrueux de Vranja’ : appelé aussi tout simplement ou ‘Vranja’, il a été créé en 1898 dans la ville de Vranja en Serbie. L’arbre très vigoureux aux longues branches dressées, assez peu ramifiées, porte de nombreux fruits énormes, pouvant peser plus d’un kilo. Caractérisés par leur peau quasiment lisse, d’un beau jaune d’or, mais par une forme souvent curieusement cabossée, ces coings offrent une chair jaune clair, ferme et délicatement parfumée. Récolte à la mi-octobre.
Pas de problème dans le jardin
Le cognassier forme un grand arbuste ou un petit arbre de 5 à 8 m de haut. Il aime les terrains riches et souples, très peu calcaires (pH 7,5 maximum). Un apport annuel de matière organique (compost) est conseillé pour maintenir une bonne fraîcheur du sol en été. Résistant à la sécheresse et à la pollution atmosphérique, le cognassier fait preuve d’une excellente rusticité (-20 °C sans problème). Sa floraison intervenant tardivement (rarement avant fin avril, il peut être planté dans les régions aux hivers longs). Les grandes fleurs, blanc rosé, sont beaucoup plus belles que celles de ses cousins pommiers et des poiriers. Le cognassier étant autofertile, un seul spécimen suffit pour obtenir une fructification correcte (pollinisation entomogame, c’est-à-dire par les insectes).
Le seul défaut du cognassier est de montrer une forte sensibilité aux attaques de la tavelure (Venturia spp.), une maladie cryptogamique qui tache les fruits de noir et provoque des déformations. Une pulvérisation de bouillie bordelaise lors de l’éclatement de bourgeons (débourrement), en fin de floraison à la chute des pétales et lors de la formation des fruits est fortement conseillée, de même qu’une nouvelle application en automne lorsque les feuilles se décolorent.
Tout savoir
Appelé aussi jadis coignassier ou coignier, cet arbre est par tradition l’un des porte-greffe du poirier (on trouve déjà la mention de cet usage dans le « traité des arbres fruitiers » de Duhamel du Monceau daté de 1782). On peut à l’inverse greffer un cognassier sur un poirier, mais également sur une aubépine. Mais d’une manière générale le cognassier se multiplie surtout par semis ou par séparation de rejets.
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Truffaut propose des plants de cognassier ‘Champion’ en gobelet de 3 ans